L’Archevêque grec-orthodoxe de Jérusalem et Sebastia, Mgr Atallah HANNA, au nom des Églises chrétiennes en Palestine, a réaffirmé le refus des Églises de Jérusalem et de la Palestine « de la guerre et leur volonté résolue d’exiger l’arrêt immédiat de l’agression à laquelle se trouve confronté notre peuple à Gaza, ceux-là d’entre les nôtres dont on détruit les maisons sur leurs propres têtes, ceux-là qui se trouvent pris sous les bombardements sauvages, ceux-là que l’on tue de sang-froid ».
Mgr Atallah HANNA
Très Chers frères, Très Chères sœurs,
A vous tous qui nous êtes si proches du cœur,
Les Églises Chrétiennes de Jérusalem et de l’ensemble de cette Terre bénie ont annoncé l’annulation de toutes les manifestations festives liées à la Célébration de la Nativité, sous quelque forme que ce soit.
Elles ont décidé de restreindre cette célébration aux seules prières et aux messes prévues dans les lieux de culte. Cette décision concerne autant les célébrations prévues le 25 décembre dans le cadre du calendrier romain que celles du 7 janvier selon les rites orientaux.
Par cet appel et cette décision les Églises chrétiennes de notre pays entendent réaffirmer leur refus de la guerre et leur volonté résolue d’exiger l’arrêt immédiat de l’agression à laquelle se trouve confronté notre peuple à Gaza, ceux-là d’entre les nôtres dont on détruit les maisons sur leurs propres têtes, ceux-là qui se trouvent pris sous les bombardements sauvages, ceux-là que l’on tue de sang-froid.
Ces scènes terrifiantes, ces scènes tragiques qui se déroulent sous nos yeux à Gaza sont le témoignage flagrant de la barbarie et de la laideur de cette agression.
Par leur appel et leur décision les Églises Chrétiennes entendent également adresser un message à l’ensemble des Églises et tous les Chrétiens du monde qui s’apprêtent à accueillir la Fête de la Nativité.
Il ne s’agit pas seulement, pour nous, d’annoncer l’annulation des cérémonies festives de Noël mais de rappeler à toutes les autorités religieuses chrétiennes dans le monde, et notamment dans le monde occidental, à tous ceux qui se préparent à célébrer Noël sous le scintillement des arbres décorés et des guirlandes, à tous ceux-là, à tous les chrétiens du monde, nous venons rappeler que la Terre de la Nativité, la Palestine, saigne.
Cette Terre, celle de Bethléem et de la Grotte de la Nativité, vit une effroyable tragédie. A Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem les civils sont visés délibérément, sans compter les agissements obscurs et les manipulations de l’occupant dont la Ville Sainte est l’objet.
Le message des Églises chrétiennes de Jérusalem et de Palestine à l’ensemble des chrétiens du monde est en premier lieu un appel à prier pour la Palestine. Nous vous exhortons à évoquer la Palestine dans vos prières et vos vœux.
Nous souhaitons, nous appelons et nous invitons également les autorités religieuses chrétiennes, qu’elles fussent orthodoxes, catholiques ou protestantes à adopter des prises de position chrétiennes. Nous attendons des prises de position fortes et claires appelant avec fermeté, clarté et détermination à la cessation de l’agression et à l’arrêt de cette guerre.
Cette situation se saurait durer. Cette guerre ne saurait se prolonger. Cette guerre qui engendre des tragédies humaines et des dévastations inacceptables pour l’entendement humain doit cesser au plus vite.
Nous rappelons aux Chrétiens du monde qui célèbrent Noël, qu’alors même que ces célébrations se déroulent, la Terre de la Nativité est elle-même privée de Célébration.
A l’ombre de cette situation tragique, de cette guerre, de ce siège, de cet isolement forcé, de ces souffrances et de ces douleurs qui sont notre quotidien, il nous est inconcevable de célébrer quoi que ce soit, il nous est inconcevable d’illuminer des arbres, d’organiser des festivités à l’instar de ce que nous organisions précédemment.
Que cela soit à Jérusalem, à Bethléem ou en tout autre lieu, toutes ces manifestations ont été annulées cette année.
Non pas en signe de solidarité avec Gaza. Certains affirment que les Chrétiens on annulé les festivités de Noël en signe de solidarité avec Gaza. Cela n’est pas pertinent.
Nous ne nous déclarons pas seulement solidaires de Gaza. Nous affirmons que les souffrances de Gaza sont nos souffrances, que les blessures de Gaza sont nos blessures. Il s’agit-là de notre peuple. La solidarité peut venir de l’extérieur, de parties étrangères, et nous saluons pour notre part toute manifestation de solidarité d’où qu’elle vienne.
Mais nous, Chrétiens Palestiniens, n’exprimons pas de la solidarité avec Gaza. C’est notre propre sang qui coule à Gaza, ce sont là-bas nos propres souffrances, c’est là notre propre peuple, nos propres familles.
Toutes ces souffrances nous les vivons en premier lieu à Gaza mais aussi en Cisjordanie, à Bethléem, régulièrement investie et prise d’assaut, à Naplouse, à Jénine, dans le camp de réfugiés de Jénine, devant les martyrs du camp de Jénine.
Dans cette tragédie palestinienne ce sont tous les Palestiniens qui sont visés, toute la Palestine qui est prise pour cible, à Gaza d’abord, où se produisent les massacres les plus barbares, l’épuration ethnique, le génocide, les tentatives de provoquer et de renouveler une Nakba nouvelle, mais également en Cisjordanie.
Nous souhaitons que l’Appel des Églises de Jérusalem, et que la Voix des Chrétiens de Palestine parviennent aux quatre coins du monde.
Comment pouvez-vous donc célébrer la Fête de la Nativité et ignorer ce que subit la Terre de la Nativité ? Comment pouvez-vous célébrer Noël et occulter les souffrances et les douleurs de notre peuple ?
Nous ne vous demandons pas de ne pas célébrer Noël. Célébrez, mais rappelez-vous la Palestine ! Ayez en mémoire Gaza ! Souvenez-vous de Bethléem !
Ayez en conscience ceux qui souffrent, ceux qui ploient sous l’injustice. Souvenez-vous qu’il y a là une vie, qu’il y a là des enfants, qu’il y a là des êtres qui souffrent, et que ces souffrances sont indicibles.
Ce soir les Nations-Unies ont voté. Une majorité absolue, écrasante, des États du monde s’est prononcée pour un cessez-le-feu, pour que cesse la guerre. Il s’agit-là d’une évolution positive, même si l’on nous apprend qu’elle n’est pas contraignante.
Toutefois le simple fait de voir l’écrasante majorité des États membres de l’ONU rejeter l’agression peut être considéré, à mon sens, comme un pas en avant, même si quelques-uns ne se sont pas prononcés pour que cesse la guerre et que quelques autres se sont cantonnés à l’ambiguïté.
Cela démontre que l’écrasante majorité des États et des peuples ont pris conscience du fait que cette guerre ne saurait durer et doit cesser. Notre souhait est que cette position quasi unanime se traduise dans les faits par la cessation effective de l’agression.
Gaza et ses habitants sont soumis à un massacre, sont bombardés et tués avec une barbarie inouïe.
Chers frères en humanité, la situation à Gaza est catastrophique dans toutes les acceptions du terme.
Chers frères en humanité, à l’aube de cette journée, comme à l’orée de chaque journée, et du cœur même de Jérusalem j’appelle à élever ensemble, haut et fort notre voix, nous, Chrétiens, Musulmans, Juifs déliés de l’idéologie sioniste, Hommes libres et Peuples du Monde. Nous tous unissons-nous afin d’exiger, tous ensemble, l’arrêt de l’agression, afin que cessent les destructions et le bain de sang.
Transcrit et traduit de l’arabe par RUDOLF EL-KAREH