Le président français, Emmanuel Macron, a récemment sorti de ses valises son étonnant projet de loi censée sanctionner les « fake news ». Tout le monde a compris qu’il s’agissait d’une attaque en règle contre les medias russes, particulièrement Spoutnik et Russian Today, sans que cela ne soulève, d’ailleurs, aucune critique de la part des journalistes français qui n’y auront vu aucune atteinte au droit d’expression, ni à la liberté de la presse. Pourtant, on pourrait mettre au défi le président français de trouver sur les sites ou la chaîne télé RT récemment installée en France, les moindres « fake news » ou le moindre article de propagande, ce qui n’est pas le cas des medias français, comme on a pu le constater pendant les six ans de guerre en Syrie, sans parler des conflits précédents en Irak – la première guerre en 1991, puis la seconde en 2003 – et en Libye.
Mais au-delà des « fake news », les medias français excellent dans la « manipulation par omission ». Cela est particulièrement évident depuis que la coalition syro-russo-iranienne a libéré le pays des armées terroristes, Daesh et d’autres, soutenues par les puissances occidentales et, objectivement, par leurs medias phares et leurs campagnes de désinformation. Les attaques de drones contre les bases russes, le 6 janvier, en sont un parfait exemple.
Alors que la Syrie et la Russie annonçaient la « fin de la guerre » – deux poches terroristes subsistent encore dans le nord ouest de la province d’Idlib et dans les banlieues Est de Damas – une attaque massive de drones ciblant la base aérienne de Hmeimim et la base de soutien logistique de Tartous était contrée par la défense aérienne russe. Sept drones étaient abattus, trois se sont écrasés au sol, et trois ont été contraints de se poser. Leur examen technique a permis de déterminer que leurs « utilisateurs » pouvaient mener des attaques à une distance de 100 km. Un matériel de très haute technologie, donc.
D’où venaient ces drones ? Étrange coïncidence, au moment de l’attaque, un avion de renseignement de l’armée américaine volait sur la Méditerranée, près des deux bases russes. Si la Russie n’a accusé aucun État directement, la réponse est relativement claire. Deux États seulement possèdent des drones d’une telle capacité et d’une technologie d’un tel niveau : Israël, dans une moindre mesure, et les États-Unis. L’armée américaine, malgré toutes ses tentatives et son soutien aux forces terroristes, n’a pas réussi à évincer l’armée syrienne appuyée par la Russie et à emporter la « bataille ». Les deux bases russes sur les côtes syriennes limitent, désormais, la marge de manœuvre de l’US Navy dans la région. Installée dans les années 1950 en Méditerranée, la 6ème Flotte dont le QG se trouve, aujourd’hui à Naples, a pour mission de « conduire l’ensemble des Opérations maritimes et des mission de Coopération de sécurité, avec la coalition, et d’autres parties pour renforcer la sécurité et la stabilité en Europe et en Afrique ». Elle est intervenue à plusieurs reprises contre la Libye, dans les années 1980, l’Opération El Dorado Canyon, notamment, en avril 1986, dont les bombardements firent une quarantaine de victimes civiles dont le petite-fille de Kadhafi, et plus récemment, les attaques aériennes sur la Libye en 2011. Dans ce contexte, un Kurdistan allié des États-Unis, avec accès sur la Méditerranée et pouvant servir de base aux forces américaines devient un enjeu central pour le Pentagone et la Maison Blanche.
Selon le ministère russe de la Défense, les drones ont été lancés, dans la nuit du 6 janvier, depuis une région contrôlée par l’ « opposition armée modérée », soit le sud-ouest de la zone de désescalade d’Idlib, plus précisément de la localité d’al-Mouzzara, une zone sous le contrôle théorique de la Turquie dans le cadre des accords d’Astana avec la Russie et l’Iran sur la zone de désescalade. Le ministère russe de la Défense a, immédiatement après l’attaque de drones, transmis une lettre au chef d’état –major turc Hulusi Akar et au chef de l’Organisation nationale turque du Renseignement, Hakan Fidan. « Les documents soulignent la nécessité pour Ankara de remplir ses obligations portant sur le respect du cessez-le-feu par les forces armées contrôlées et à intensifier le travail de mise en place de postes d’observation dans la zone d’Idlib afin d’empêcher des attaques similaires de drones sur tout type d’objectif », écrit le ministère russe de la Défense.
De leur côté, les Syriens ont rappelé que les armées terroristes avaient utilisé des drones de moindre portée à plusieurs reprises, visant les populations civiles, et précisé que cette dernière opération était « un signal très dangereux pour le monde entier ».
Alors, une tentative de dernière minute du Pentagone visant à continuer à déstabiliser la Syrie et à garder la main dans un jeu meurtrier qu’ils ont perdu ? Quoi qu’il en soit, le silence des medias occidentaux dominants fait définitivement partie de la stratégie de désinformation mise en place dès lors qu’il s’agit des conflits provoqués et entretenus par les États-Unis et leurs alliés occidentaux.