Bassam Tahhan, politologue et professeur de stratégie et de géopolitique, grand connaisseur de la politique syrienne et proche orientale analyse, pour la radio iranienne IRIB ( https://french.irib.ir/) la récente intervention télévisée du président Bachar al-Assad.
À l’occasion de la fête de l’indépendance, marquant l’évacuation des troupes coloniales françaises de Syrie, en 1946, le président syrien a accordé une interview à la chaîne d’information continue, Al-Ikhbariya, dont voici la synthèse :
Le président syrien a affirmé que les Occidentaux jouaient avec le feu en finançant al-Qaïda et a laissé entendre qu’il comptait rester au pouvoir jusqu’en 2014, voire au-delà.
Dans une interview d’une heure à la chaîne officielle Al-Ikhbariya, où il est apparu serein, Bachar al-Assad a prévenu que la guerre dans son pays pourrait gagner la Jordanie voisine, qui entraîne les combattants rebelles et facilite l’entrée de milliers d’entre eux en Syrie. « L’incendie ne s’arrêtera pas à nos frontières, tout le monde sait que la Jordanie est aussi exposée (à la crise) que la Syrie », a-t-il dit, tandis qu’à Washington, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel annonçait un renforcement du dispositif militaire américain en Jordanie, qui dépassera les 200 hommes.
« L’Occident a déjà payé très cher le fait d’avoir financé à ses débuts al-Qaïda en Afghanistan. Aujourd’hui, il fait la même chose en Syrie, en Libye et dans d’autres endroits du monde et il paiera cher cette erreur. L’Europe et les Etats-Unis seront touchés à leur tour », a prévenu M. Assad.
« L’Occident ne sait pas que ce terrorisme se retournera contre lui », a-t-il précisé. Ils « combattent al-Qaïda au Mali et le soutiennent en Syrie. C’est la politique de deux poids deux mesures », a-t-il ajouté en référence à l’intervention française dans ce pays africain. Les pays occidentaux, États-Unis en tête, refusent de fournir des armes aux rebelles, arguant qu’elles pourraient tomber entre les mains d’extrémistes. Mais Assad a souligné dans son interview qu’ »il n’y a pas de terroriste modéré », rejetant toute distinction entre les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) et les groupuscules extrémistes, dont le Front Al-Nosra, qui a récemment fait allégeance à al-Qaïda. « Al-Qaïda domine (la rébellion) en Syrie », a-t-il insisté.
Nous n’avons d’autre choix que de vaincre
Le président syrien a affirmé qu’une défaite de son régime face aux terroristes financés par l’étranger, signifierait « la fin de la Syrie ». « Nous n’avons pas d’autres options que la victoire, car si nous ne sommes pas victorieux, ce sera la fin de la Syrie », a déclaré M. Assad. Il a lié son départ à une « décision du peuple », laissant entendre qu’il pourrait se représenter à la présidentielle à l’issue de son mandat en 2014. Le dirigeant syrien s’en est pris à l’opposition, essentiellement basée à l’étranger, doutant de son patriotisme, minimisant son appui populaire et estimant qu’elle n’était pas à la hauteur pour s’engager dans un dialogue avec Damas. « Comment êtes-vous patriote si vous avez fui à l’étranger ? (…) Dans tous les pays du monde, l’opposition est une opposition élue et bénéficie d’une base populaire. Où sont les élections sur lesquelles se base cette opposition-là ? », a-t-il demandé.
Sur un éventuel dialogue avec l’opposition, Assad a affirmé qu’il ne négocierait pas avec ceux qui ont « encaissé de l’argent pour vendre la patrie » et « ceux qui n’ont pas de base populaire ». Évoquant une éventuelle intervention humanitaire internationale en Syrie, Assad a estimé qu’elle « viserait uniquement à détruire les Syriens » en rendant le pays dépendant de l’étranger.
Cliquez pour écouter l’analyse de M. Tahhan :
https://www.dailymotion.com/video/xz4h80_irib-2013-04-18-bassam-tahhan-interventi…
Source: https://french.irib.ir/
18 avril 2013