L’ONU a nommé à la tête de l’enquête le scientifique suédois Ake Sellstrom, qui avait participé à la chasse aux armes de destruction massive de l’Irak dans les années 1990. Avec le désastre que l’on sait.
Les enquêteurs des Nations unies qui devront déterminer, à la demande de Damas, si des armes chimiques sont utilisées dans le conflit syrien, sont « prêts » à être déployés, a annoncé lundi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
« Nous sommes prêts », a déclaré le secrétaire général lors d’une conférence de presse à l’occasion de l’ouverture à La Haye, au siège de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), de la troisième conférence sur le bilan de la Convention sur les armes chimiques. « Je peux annoncer aujourd’hui qu’une première équipe est à Chypre et est dans la dernière phase » avant son départ vers la Syrie, a-t-il ajouté. Le gouvernement syrien et l’opposition armée s’accusent mutuellement d’avoir employé des armes chimiques dans les régions d’Alep (nord) et de Damas dans le cadre du conflit ravageant le pays.
Damas avait dès lors déposé le 20 mars une requête officielle pour une enquête de l’ONU, qui avait été annoncée par Ban Ki-moon dès le lendemain. La Grande-Bretagne et la France avaient de leur côté demandé que l’ONU enquête sur des allégations d’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien. « Ma position est claire : toutes les allégations feront l’objet d’enquêtes sans retard, sans conditions et sans exception », a soutenu Ban Ki-moon, selon lequel « l’ONU est maintenant en mesure de se déployer en Syrie ». « Dans moins de 24 heures, tous les arrangements logistiques auront été réglés. » « Nous n’attendons plus que le feu vert du gouvernement syrien pour déterminer si des armes chimiques ont été déployées », a ajouté le secrétaire général : « Nous sommes encore en train de discuter de cela avec le gouvernement syrien. »
Ban Ki-moon a en outre souligné que « la première équipe qui est en ce moment à Chypre est très petite ». Il a également indiqué que l’équipe serait composée essentiellement d’experts de l’OIAC, qui a mis à disposition 15 de ses spécialistes. « La sécurité sur le terrain est un sujet de préoccupation », a pour sa part déclaré le directeur de l’OIAC Ahmet Uzumcu lors de la conférence de presse, précisant toutefois que l’OIAC « mettra toutes ses ressources à disposition pour une telle mission ». L’ONU a nommé à la tête de l’enquête le scientifique suédois Ake Sellstrom, qui avait participé à la chasse aux armes de destruction massive de l’Irak dans les années 1990.
Selon des diplomates, Ban Ki-moon avait également indiqué aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) qu’ils ne seraient pas autorisés à participer à l’enquête. Cette décision avait été prise à cause des profondes divisions que le conflit syrien suscite entre d’une part les Occidentaux, qui réclament le départ du président Bachar el-Assad, et d’autre part la Russie et la Chine qui protègent le régime syrien. Pour les mêmes raisons, aucun expert turc ou issu des pays arabes ne prendra part à l’enquête. La plupart des experts devraient dès lors être originaires d’Amérique latine, du nord de l’Europe ou d’Asie.
Pour rappel, Damas avait accusé le 19 mars dernier,les rebelles d’avoir tiré pour la première fois un missile avec une tête chimique dans la province d’Alep (nord), ce que l’opposition a démenti en rejetant la faute sur les autorités. Pour sa part l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a confirmé qu’un missile sol-sol avait bien visé une position de l’armée à Khan al-Assal, sans pouvoir toutefois dire si l’ogive contenait des armes chimiques, faisant état de 16 soldats et de 10 civils tués. Le ministre de l’Information Omrane al-Zohbi a qualifié d’ »escalade dangereuse, le tir par des terroristes d’un missile contenant des produits chimiques à partir de Kfar Daël dans la région de Naïrab (est d’Alep) vers la région de Khan al-Assal (ouest de la métropole) ». Intervenant à la télévision, il a fait état de 16 morts et de 86 blessés, civils et militaires, s’en prenant à la Ligue arabe (…) la communauté internationale et les Etats qui arment, financent et hébergent les terroristes ainsi que le gouvernement (turc) d’Erdogan et le Qatar » après « ce crime perpétré par les terroristes qui ont utilisé une arme prohibée par la loi internationale.
Le directeur de l’OSDH, qui prétend posséder un vaste réseau d’informateurs, de militants, de médecins, a confirmé indirectement l’information en assurant que le missile sol-sol était bien »tombé sur un regroupement de l’armée syrienne à Khan al-Assal. »Je ne suis pas en mesure de confirmer si ce missile contenait des matières chimiques ou pas », a dit Rami Abdel Rahmane. Au cours des derniers mois, les rebelles se sont emparés d’importants stocks d’armes appartenant à l’armée. Ils se sont également emparés d’une usine de chlore, dans la province d’Alep, qui aurait pu servir dans la fabrication de ces armes chimiques. La communauté internationale a multiplié les mises en garde à Damas contre le recours aux armes chimiques. Des responsables occidentaux et israéliens ont exprimé la crainte que ces armes ne tombent entre les mains de certaines factions de l’opposition.
(08-04-2013 – Avec les agences de presse)