
– La résistance armée sahraouie porte des coups sévères à l’armée d’occupation marocaine aujourd’hui victime d’une hémorragie de desertions.
La politique de soumission du Makhzen à l’égard d’Israël combinée à la poursuite de la coûteuse colonisation du Sahara occidental risquent de conduire à l’implosion du système mafieux, corrompu et répressif qui a jusqu’ici permis au roi, souvent absent, de maintenir un semblant de cohésion. Cet édifice est en train de s’effondrer. La direction de l’armée fait désormais face à une hémorragie de désertion tous grades confondus. Les déserteurs refusent de servir dans le Sahara occidental occupé. Ils se sentent aussi humiliés par les manœuvres conjointes non seulement avec les Etats-Unis, mais aussi avec l’armée israélienne qui massacre les Palestiniens et violent les lieux saints de l’islam en Jérusalem occupé. État des lieux.
Par Philippe Tourel
Au moment où le feu couve sous les cendres de la colère populaire jusqu’ici étouffée par le sang, le Makhzen poursuit sa politique de fuite en avant. En effet des militaires israéliens et marocains vont participer pour la première fois à des manœuvres militaires communes au Maroc. Ces exercices sont organisés dans le cadre de « African Lion 2023 » qui regroupera près de 18 pays sous la houlette des Etats-Unis.
Israël, qui cherche manifestement à humilier encore une opinion publique marocaine résolument propalestinienne, vient d’annoncer officiellement qu’une « délégation de 12 soldats et commandants du Bataillon de reconnaissance Golani (de sinistre réputation) a quitté dimanche (Israël) pour l’exercice African Lion 2023 au Maroc », le pays-hôte, indique un communiqué israélien publié lundi.
La Brigade Golani est une unité d’infanterie d’élite, engagée régulièrement dans la répression des résistants palestiniens dans les territoires occupés palestiniens.
Coorganisée par le Maroc et les États-Unis, la 19ème édition de l’exercice » African Lion » doit mobiliser jusqu’au 16 juin près de 8 000 soldats en provenance de 18 pays.
« Pendant les deux prochaines semaines, nos soldats vont se concentrer sur un entraînement dans différentes situations de combat qui combinent guérilla urbaine et guerre souterraine, et qui se conclura par un exercice conjoint pour toutes les armées participantes », détaille le communiqué militaire israélien.
Israël avait déjà participé à African Lion l’an dernier, mais seulement au niveau des observateurs militaires internationaux, sans déployer de soldats sur le terrain.
Selon l’état-major général des Forces armées royales (FAR) marocaines, ces manœuvres annuelles se dérouleront dans sept régions du pays. Notons cependant que les Etats-Unis ont opposé leur veto à la demande du Makhzen pour que ces manœuvres se déroulent dans le Sahara occidental occupé.
Elles comprennent des exercices de planification opérationnelle et de lutte contre les armes de destruction massives, des entraînements tactiques terrestres, maritimes, aériens et des forces spéciales, ainsi que des opérations aéroportées, selon les FAR.
Ces manœuvres se déroulent après les déclarations du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken devant l’Aipac, le lobby israélien à Washington, pour que l’Arabie saoudite normalise ses relations avec Israël. Mais contrairement au Maroc et à son roi qui usurpe le titre de Commandeur des croyants et de président du Comité Al-Quds, l’Arabie saoudite refuse toujours de normaliser ses relations tant qu’Israël ne se retire des territoires palestiniens et arabes occupés en juin 1967 et ne respecte pas l’initiative saoudienne de 2002 adoptée par la Ligue arabe et qui rejette toute normalisation avec Israël tant que ce dernier ne se retire pas de tous les territoires arabes occupés ». MBS, le prince héritier saoudien, a confirmé récemment cette position. Le sommet arabe d’Alger, réuni en novembre 2022, l’avait également solennellement réitéré.
Cette politique déshonorante de soumission à Israël est doublée par un entêtement suicidaire concernant la poursuite de l’occupation du Sahara considéré par l’ONU comme un territoire à décoloniser. La résistance des Sahraouies à cette occupation, qui sert les intérêts d’une poignée de généraux, commence à peser lourd dans un climat socio-économique explosif.
On a noté ainsi une véritable hémorragie que subit l’armée coloniale marocaine au Sahara occidental. Non convaincus par la guerre que mène le Maroc au Sahara occidental, des dizaines de militaires marocains, tous grades confondus, ont jeté leurs armes et déserté l’Armée. La rébellion des militaires marocains prend de l’ampleur. Ces militaires marocains déserteurs qui ne croient pas en la marocanité du Sahara occidental sont à bout. Ils refusent de porter l’uniforme d’une armée marocaine mise sous tutelle de l’armée sioniste qui massacrent leurs frères palestiniens dans les territoires occupés.
De surcroit ils ne sont plus payés depuis plus des mois, en situation d’extrême précarité, n’ont qu’une seule solution, la desertion surtout que la situation économique, sociale et politique du royaume est explosive. Le Maroc est quasiment en cessation de paiement et ce ne sont pas ses protecteurs européens, déjà surendettés, qui vont le secourir.

– Entre occupants le courant passe. Le chef d’état-major de l’armée marocaine, le général de corps d’armée Belkhir el-Farouk (à gauche), assiste à la conférence internationale sur l’innovation militaire à la base du centre d’entraînement à la guerre urbaine de Tze’elim (UWTC), dans le sud d’Israël, le 15 septembre 2022.
La plupart de ces déserteurs se sont enfuis en Libye où ils ont été appréhendés par les hommes du maréchal Haftar qui est sur le point de les livrer au Maroc.
L’histoire jugera et condamnera cette décision inhumaine de ces mercenaires libyens financés par les Émiratis en vers des frères. Car ces militaires marocains seront fusillés comme l’ont été tous ceux qui se rebellent contre cette monarchie médiévale et esclavagiste.
Qui sont ces déserteurs ?
Selon plusieurs médias, l’Armée Royale Marocaine fait face à une fuite vers l’étranger sans précédent de militaires de toutes catégories et forces confondues, en raison de la détérioration des conditions de vie et de l’incapacité du trésor du Makhzen à honorer leurs salaires. Une situation accentuée par la pression exercée par les offensives menées par les Forces de l’Armée de Libération du Peuple Sahraoui qui multiplient les opérations militaires contre les positions de l’armée d’occupation marocaine sur les territoires occupées du Sahara Occidental.
Selon les mêmes sources, la longue liste des déserteurs marocains comporte même des officiers supérieurs. Voici une première liste :
- Le commandant Khaouni Mohamed ;
- Salam Sahraoui ;
- Al-Bilal Souih ;
- Latef Sellali Cherif Issam ;
- Merabet Gassem ;
- Lhassani Merouan ;
- Lekhai Adel ;
- Lagherdek Mohamed ;
- Adardour Lahcen ;
- Djebba Mounir ; Larbi Dan ;
- Seddiki Ahmed ; Chedjri Abdennour ; Lheit Ismael ; Moulay Ali ;
- Fatri Nabil ; Sidi Anouar ;
- Drif Ameur ;
- Dzidaz Abbès ;
- Louareth Zoubir ; Benameur Seddik ; Meftah Abdelhalim ; Al-Mohhamedi Achraf ;
- Afendi Mustapha.
Par Philippe Tourel – Tunis