Fabrice Arfi, l’investigateur de « Médiapart » me fait penser à André Payer, ancien directeur du quotidien « La Presse ». Le 10mai 1927, c’est lui qui a signé le « bon à tirer » de l’édition de son journal du jour qui, en exclusivité mondiale, publiait sur un large titre occupant toute la « une » : « Nungesser et Coli ont traversé l’Atlantique ». Manque de chance – ou trop tôt le miracle – les deux aviateurs français étaient tombés à l’eau.
Lecteurs vous êtes un peu perdus, et croyez que je me suis, moi aussi, noyé. Non, la relation entre le naufrage des héros et Fabrice Arfi existe. Aujourd’hui, si vous questionnez jusque dans les lycées où Médiapart enseigne la vérité, « Qui est Fabrice Arfi ? », les bons élèves vous répondent : « le journaliste d’investigation qui a révélé le financement de la campagne électorale de Sarkozy par Kadhafi ». La messe est dite. Arfi a donc révélé un évènement qui n’a pas eu lieu. En tout cas, l’histoire n’a pas été prouvée. Annoncée trop tôt, tout comme la réussite de Nungesser et Coli. Et rien ne tombe, des photocopieuses des juges, pour venir enfin boucher le trou du dossier : quel est cet argent et où serait-il passé ? A ce jour aucune preuve n’est tombée de l’arbre à vérités.
Contrairement à André Payer et son journal « La Presse » qui ont sombré dès le lendemain de la publication de leur fausse nouvelle, Arfi et Médiapart continuent à faire la police au sein de la presse, d’y marquer leur autorité sous le sceau de la « référence ». Notez qu’en militant de la libre expression, je ne souhaite aucun malheur éditorial, ni à Arfi ni à ses maîtres. Je constate donc qu’Arfi, en matière de presse, assure autant qu’il le peut la police de la pensée. Vous me direz que c’est la chose la plus normale quand on est salarié d’un organe porté sur les fond-baptismaux par de nombreux adeptes ayant tété du trotskisme.
Une récente publication de notre Fabrice m’a un peu énervé. Il est lié à la mise en liberté d’Alexandre Djouhri, homme d’affaires violenté dans les prisons anglaises (comme Assange), à la demande de la France. Puis incarcéré à Fresnes en dépit d’un état de santé très inquiétant. Mais l’offensive du Corona est venue extraire Djouhri, menacé de mort par le virus, de son hôpital-prison. Pour être mis en liberté conditionnelle, sous la surveillance d’un bracelet électronique, le prisonnier devait exciper d’une adresse à Paris. Résident suisse, le malade n’en a pas. C’est alors un très vieil ami, Simon David Tordjman, qui a proposé un hébergement de sauvetage. Cet homme fortuné a donc prêté l’appartement qui permettait d’exfiltrer le très cardiaque Djouhri du Carona carcéral. Et que pensez-vous qu’il arriva ?
Au motif qu’il « sauvait la peau d’un ami », la machine Arfi se met en route. Par insinuation, elle fait de Tordjman une forme de complice du reclus. La prose et l’appareil éditorial du radical de Médiapart – Arfi – montrent qu’Alexandre Djouhri est et doit rester un pestiféré. Un néo-lépreux n’ayant droit qu’à la crécelle, et non à un appartement. Notons que dans leur souci permanent de respecter le secret de l’instruction, les magistrats du PNF ont courtoisement fourni à Arfi l’adresse de Djouhri et le nom de son protecteur.
Ainsi le généreux bailleur a retrouvé sa vie, celle qui est la sienne dans le monde des affaires, tartinée dans Médiapart. Rien de répréhensible dans cette description. Juste l’exposition de pratiques capitalistes ordinaires, qui ne sont pas ma tasse de tilleul. Mais aucun délit dans tout cela ! Cloué quand même dans les pages de Médiapart, le Simon David Tordjman. Pour avoir tendu la main à son vieux pote, celui que certains « investigateurs », pas racistes pour un sou, baptisent « Ahmed dit Alexandre, ancien caïd du 9-3 ». Ca c’est de l’info ! A défaut de découvrir, enfin, la trace des supposés millions que Kadhafi aurait offerts à Sarkozy, Arfi s’est défoulé sur Tordjman. Belle leçon d’un journalisme bien polissé.
MODE D’EMPLOI
A l’usage des lecteurs qui pourraient être surpris, je répète que si je « défend » Djouhri, rencontré deux fois il y a dix ans, c’est qu’il est victime d’un piège judiciaire sur fond de racisme. Je n’aime ni les pièges d’Etat, ni le racisme. En ville, autour de coupes millésimées, les « investigateurs » aiment à dire : « Bourget est payé par Djouhri ». En effet, ne pas être d’accord avec eux les pousse à cette élégance. Et j’attends d’eux qu’ils m’indiquent où est caché cet argent de ma corruption. Il me serait utile pour faire cantiner Georges Ibrahim Abdallah en prison depuis 37 ans.
Pour ce qui est de ma connivence avec Sarkozy, elle est patente et connue. D’ailleurs j’ai plusieurs fois demandé sa comparution devant la Cour Pénale Internationale pour avoir détruit la Libye et la Syrie, et faciliter le travail des prédicateurs de Doha.
Jacques-Marie Bourget
6 avril 2020
Proche et Moyen-Orient.ch