Quand Saoud al-Fayçal voit la paille dans l’œil du voisin syrien et ne veut pas voir la poutre dans le sien !
Il ne se passe pas de jour sans que l’inamovible ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, n’appelle à aider le peuple syrien et à armer les groupes de l’opposition. Alors que les Etats-Unis avaient mis sur la liste des organisations terroristes le Front d’Al-Nosra, une milice islamiste proche d’al-Qaïda, financée et armée par le royaume wahhabite, ce ministre persiste et signe. Après la réunion de Rome des mal nommés « Amis du peuple syrien », ce même ministre, revient à la charge et accorde une interview à l’agence saoudienne de l’information pour appeler à aider le « peuple syrien à se défendre ». Comprendre à armer l’opposition syrienne.
Pendant ce temps, la police saoudienne procède sans ménagement à l’arrestation de 176 personnes, dont 15 femmes, qui manifestaient pour demander la libération de prisonniers islamistes à Bouraïda, dans le centre du royaume.
À en croire les officiels saoudiens, ces manifestants chercheraient à « instrumentaliser les affaires d’éléments accusés de crimes et d’activités liées au groupe des déviants pour tenter de provoquer des réactions de l’opinion publique » contre les autorités. Dans le discours officiel saoudien, « le groupe des déviants » désigne les islamistes extrémistes liés à la nébuleuse d’Al-Qaïda. Le porte-parole a rappelé l’interdiction de manifester en Arabie Saoudite et assuré que les forces de sécurité veilleraient à prévenir tout rassemblement. De petits groupes de femmes se rassemblent quasi quotidiennement à Bouraïda, à 400 km au nord de Riyad, pour demander la libération de proches appartenant à la mouvance islamiste extrémiste, bien implantée dans cette région du pays. En septembre 2012, plusieurs dizaines de proches de prisonniers islamistes ont participé à un rare sit-in devant la prison de Bouraïda pour demander la libération des leurs. Commentant les arrestations de vendredi, l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a appelé les autorités saoudiennes à « cesser de jouer au chat et à la souris » avec les manifestants. Amnesty a invité aussi les autorités à « écouter ces manifestants au lieu de les persécuter » et affirmé dans son communiqué qu’une femme a eu le bras cassé lors de son interpellation musclée. Selon l’Association saoudienne pour les droits civiques et politiques (Acpra), 30 000 personnes seraient actuellement détenues dans le royaume pour appartenance à des groupes islamistes radicaux.
Ces violations systématiques des droits de l’homme dans ce royaume moyenâgeux ne gênent pas ce ministre tout occupé à défendre les terroristes syriens. Pour paraphraser Pascal, « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Ce qui est bon pour le peuple syrien est mauvais pour les sujets de Sa Majesté wahhabite.