Le 3 octobre, le président américain, Donald Trump, humiliait les chers alliés des États-Unis, et particulièrement la monarchie saoudienne, en déclarant qu’elle ne survivrait pas deux semaines sans l’aide militaire de Washington.
« Nous protégeons l’Arabie saoudite, déclarait-il lors d’un disours tenu dans le Mississipi, et j’aime le Roi, le Roi Salman. Mais je lui ai dit, nous vous protégeons, vous ne tiendrez pas deux semaines sans nous. Vous devez payer pour votre armée ». Cette discourtoise diatribe, pour le moins, était lancée en forme de chantage pour obliger les rois du pétrole à baisser le cours du pétrole en augmentant la production. Ce n’était pas la première fois que le président américain s’en prenait aux pays producteurs, particulièrement l’Arabie saoudite. « Nous défendons de nombreuses nations pour rien, avait-il déclaré peu avant à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU. Ça ne va pas. Nous voulons qu’ils arrêtent de faire monter les prix nous voulons qu’ils commencent à les faire baisser ».
Se sentant profondément offensés, les alliés saoudiens de Washington n’ont pas attendu pour répondre à Donald Trump. Dans une interview diffusée par Bloomerg, tout en affirmant qu’il « aime travailler » avec les États-Unis et Donald Trump, Mohamed Bin Salman n’a pas mâché ses mots. « Si vous regardez les États-Unis d’Amérique, a-t-il dit, lorsque, par exemple, ils ont voulu libérer les esclaves, que s’est-il passé ? La guerre civile. L’Amérique a été divisée pendant quelques années. Des milliers des dizaines de milliers de gens sont morts pour gagner la liberté des esclaves ». Soulignant qu’en termes de gestion du changement social, Donald Trump pourrait être qualifié d’« America last (au dernier rang) » en contradiction avec le slogan du président « America First (au premier rang) », Bin Salman précisait « Ici, nous essayons de vaincre l’extrémisme et le terrorisme sans guerre civile, sans stopper la croissance économique, en progressant continuellement dans tous les domaines ».
Mohamed Bin Salman précisait, également, que le Royaume existait depuis des décennies sans le soutien américain et qu’il faudrait « environ 2000 ans avant qu’il soit mis en danger ». Il ajoutait qu’en réalité, l’Arabie saoudite ne « doit rien pour sa sécurité ». Tout l’armement provenant des États-Unis est payé, « il n’est pas gratuit », a-t-il insisté en précisant que depuis l’élection de Donald Trump, les achats d’armement saoudien dont 60% proviennent des États-Unis, « sont payés cash ».
Une bataille de coqs dans un poulailler fangeux qui ne fera pas oublier que quels que soient les propos offensants tenus d’un côté ou de l’autre, les États-Unis et le royaume wahhabite resteront des alliés stratégiques et militaires et que les ventes d’armement à Ryad continueront d’enrichir le complexe militaro-industriel américain.
Par Christine Abdelkrim-Delanne