Le 22 janvier, lors de la séance inaugurale de la conférence de Genève II sur la Syrie, alors que le chef de la délégation saoudienne, Saoud al-Fayçal, qui souffre de problèmes de locution, donnait au monde entier des leçons de démocratie et d’alternance qu’il n’applique jamais dans son royaume, Bandar ben Sultan, le tout puissant chef des services de sécurité saoudien, un autre « démocrate », suivait de près le déroulement des travaux depuis son lit d’hôpital aux États-Unis. Il ne fait pas doute que ces deux malades, Saoud et Bandar, qui tiennent tant à la « santé démocratique » de l’opposition syrienne, étaient en pleine confusion. Ils ont en effet jusqu’au bout essayé d’empêcher la tenue de cette conférence, ou du moins la faire capoter. En vain. D’où les interrogations sur les véritables raisons de la présence de Bandar, l’homme de la CIA en Arabie Saoudite, aux États-Unis à ce moment crucial. Va-t-il subir une « opération chirurgicale », comme le laissent entendre les officiels saoudiens, ou plutôt un « lavage de cerveau » pour lui imposer un revirement radical de la politique d’aide aux mouvements takfiris wahhabites en Syrie, après l’échec de cette politique ? Ce revirement aura des conséquences sur la stabilité du royaume qui traverse une phase délicate de fin de règne.
Selon Debka file, un site israélien proche du Mossad, il y aurait actuellement « près de 30 000 combattants proches d’Al-Qaïda en Syrie », une situation qui impose « une réévaluation de la neutralité israélienne dans cette guerre » (sic). Une mauvaise nouvelle pour le royaume wahhabite qui croyait trouver en Israël, après le premier accord sur le nucléaire iranien, un allié de poids face au protecteur américain, jugé un peu capitulard à son goût. Faut-il s’attendre à des évictions imminentes au sein des services saoudiens, prélude à un changement de cap ? Ce n’est pas à exclure. Même si certains observateurs de la guerre en Syrie n’excluent pas un ultime assaut spectaculaire des groupes djihadistes pro-saoudiens contre Damas dans les prochaines semaines, histoire de rendre moins cuisante la défaite finale.