Le roi Abdallah bin Abdul Aziz, affaiblit physiquement et mentalement, vient de limoger son frère Muqrin à la tête des services de renseignements pour le remplacer par le prince Bandar bin Sultan, un proche de la CIA.
Quelques semaines après la mort du prince Nayef bin Sultan et la nomination de son frère Salman comme nouveau prince héritier, le roi Abdallah, que certains disent mourant, vient de limoger son frère Muqrin, du poste de chef des services de sécurité pour le confier à son neveu Bandar bin Sultan, connu pour ses relations très étroites avec les services américains.
Cet ancien ambassadeur d’Arabie Saoudite à Washington, très proche des néo-conservateurs américains, devient ainsi l’homme fort du royaume. Il cumule avec les services de renseignements le poste de chef du Conseil national de sécurité.
Certes l’ancien détenteur du poste, le prince Muqrin, passait le plus clair de son temps à collectionner les conquêtes féminines et à mener une vie de débauche plutôt que de s’occuper de son travail qu’il a délégué à ses adjoints.
Cette promotion d’un faucon intervient surtout en pleine crise syrienne et dans un contexte régional dominé par l’exacerbation du conflit avec l’Iran. Et aussi par l’élection en Égypte d’un président issu des Frères musulmans que le royaume wahhabite regarde avec suspicion.
Ces défaites successives, ajoutées au vieillissement inéluctable des prétendants au trône, commencent à fragiliser la monarchie. L’instabilité au Yémen, la contestation dans les régions chiites du royaume sont perçues comme un danger imminent pour la survie du régime, un scénario que les États-Unis considèrent comme fatal pour ses intérêts dans l’ensemble du Moyen-Orient.
Ce « coup d’État » intervient au lendemain de l’attentat, que certains attribuent aux services américains et israéliens, qui a décapité plusieurs hauts responsables de l’appareil militaro-sécuritaire du régime syrien. Cet acte a mis tous les pouvoirs entre les mains des jusqu’aux-boutistes au sein du régime syrien. Désormais, la riposte ne se limitera pas au seul territoire syrien. Le Liban et les monarchies du Golfe seront sans doute des cibles de choix. C’est sans doute pour faire face à ce scénario que les Américains ont imposé le prince Bandar comme le nouvel homme fort pour faire face aux nouveaux dangers qui s’annoncent.
Mais qui est ce nouveau patron de la répression en Arabie Saoudite ? Les Iraniens, les Syriens et leurs alliés régionaux, comme le Hezbollah libanais, mais aussi le régime irakien, ont souvent accusé Bandar de manipuler Al-Qaïda pour déstabiliser « l’axe de la résistance. » Les sites proches de la Syrie l’accusent désormais ouvertement d’avoir organisé l’assassinat du conseiller de Bachar al-Assad, le général Mohamed Sleimane (abattu dans sa villa de Tartous en juillet 2008), ainsi que le chef militaire du Hezbollah, Imad Moghnieh (tué dans une explosion à Damas, en février 2008). On l’accuse aussi de financer et d’armer l’opposition djihadiste en Syrie, au Liban et en Irak.
La propagande syrienne attribue également à Bandar son engagement auprès de l’Armée syrienne libre pour renverser le régime de Bachar al-Assad.
Le dispositif sécuritaire saoudien ainsi modifié en profondeur aura, sans doute, comme le souligne Stefano B.C. du site mediarabe.info, « des conséquences sur la politique intérieure du royaume, avec un net avantage au clan Soudeiri. Ce qui signifie un ralentissement, voire un anéantissement des réformes libérales, mais timides, entamées par le roi Abdallah à très faibles doses (il est contraint de respecter les équilibres entre les différents clans de la famille, et les religieux, au détriment des réformes). Sur le plan extérieur, l’arrivée de Bandar pourrait se traduire par une plus grande agressivité saoudienne, tant contre les soulèvements des minorités chiites en Arabie et au Bahreïn, que dans la confrontation avec l’Iran et la Syrie. »
Le ramadhan de cet été 2012 sera chaud, très chaud.