Le score de l’AKP a été un véritablement séisme en Turquie, où le parti au pouvoir collectionnait les victoires depuis 2002. L’AKP arrive certes en tête avec environ 40 % des voix mais n’obtient pas la majorité absolue au parlement. La Turquie se dirige-t-elle vers une coalition ou vers un gouvernement minoritaire ? Analyse des scénarios possibles.
La « victoire » de l’AKP (parti de la justice et du développement) est toute relative. Les 40 % de voix n’ont abouti qu’à environ 255 députés soit 20 députés de moins que la majorité absolue (276/550). Le parti au pouvoir depuis 2002 devra donc se résoudre à revoir sa stratégie pour rester au pouvoir. Différents scénarios sont évoqués.
Une coalition AKP-MHP
L’AKP pourrait se rapprocher du parti nationaliste, le MHP (parti du mouvement nationaliste), qui obtient 83 députés. La base électorale des deux partis est relativement proche mais une telle alliance signerait la fin du processus de paix avec les Kurdes, l’un des plus grands projets de l’AKP.
Il n’est pas sûr non plus que Devlet Bahçeli, qui a une aversion notoire pour le chef de l’État Tayyip Erdogan, accepte de mettre en sourdine les allégations de corruption qui ont éclaboussé l’AKP en décembre 2013 et qui ont été promptement enterrées par une justice aux ordres. « Il est trop tôt pour parler de ce sujet », a déclaré Oktay Vural, un des caciques du parti nationaliste.
Une coalition AKP-HDP
L’AKP pourrait alors essayer de séduire le HDP (parti démocratique des peuples, pro-kurde), qui a obtenu 79 sièges. Mais cette probabilité est très tenue si l’on prend en compte les propos virulents qu’ont tenus Erdogan et le Premier ministre Ahmet Davutoglu. Les deux têtes de l’exécutif ont saisi l’occasion de la campagne électorale pour fustiger ce parti, qualifié de « vitrine politique du PKK », afin de ménager la sensibilité de leur base nationaliste.
Et l’AKP aura fort à faire avec Selahattin Demirtas, le co-président du HDP. Celui-ci s’était nettement engagé à entraver le projet de présidentialisation du régime porté par l’AKP. Demirtas avait également annoncé que son parti ne formerait jamais une coalition avec l’AKP, « plutôt avec le CHP », avait-il glissé.
Une coalition CHP-MHP-HDP
C’est le scénario le moins probable tant le HDP et le MHP sont à couteaux tirés. Il est également peu probable que le MHP soutienne une coalition entre le CHP et le HDP.
Un gouvernement minoritaire AKP
Le président de la République recevra Ahmet Davutoglu pour lui donner la mission de former un gouvernement. Si l’AKP n’arrive pas à rallier d’autres partis dans les 45 jours, Tayyip Erdogan pourra dissoudre l’Assemblée nationale et appeler à des élections législatives anticipées. Entre-temps, Davutoglu pourra diriger un gouvernement minoritaire, chargé d’expédier les affaires courantes.
Des élections anticipées
La Constitution ne permet pas au président de dissoudre l’Assemblée nationale à sa guise. Il devra donc attendre qu’une période de 45 jours se soit écoulée. Il n’en reste pas moins que le chef de l’État n’est pas obligé de nommer le leader du deuxième parti pour former un gouvernement. « Aucune coalition ne sortira de ces résultats, une élection anticipée est inévitable », a déjà annoncé Burhan Kuzu, un poids lourd de l’AKP.
Source :
Zaman France
https://www.zamanfrance.fr/article/legislatives-en-turquie-vers-elections-anticipees-scenarios-possibles-16151.html