L’armée syrienne a déclenché la bataille pour la reconquête de Yabroud, un bastion des groupes armés, adossé au Liban. Si ce verrou tombe entre les mains de l’armée, c’est l’ensemble de la province de Damas contrôlée jusqu’ici par ces groupes qui va également tomber.
Située à 65 Km au nord-ouest de la capitale, la sécurisation de cette localité proche de la localité libanaise d’Ersal, fief des intégristes libanais et syriens, permettra de contrôler cette partie importante de la frontière libano-syrienne, de fermer les voies d’acheminement des miliciens venant du Liban et se dirigeant vers lui. Elle aura pour effet aussi de sécuriser définitivement la province nord de la capitale syrienne.
Cette attaque s’inscrit dans la continuité de l’opération menée par les forces régulières en collaboration avec les comités de défense populaire pour reconquérir cette région. L’an dernier, les localités de Qara, Nabak et de Deir Atiyya avaient été sécurisées.
Yabroud et le Liban
La reconquête de Yabroud devrait aussi réduire les tentatives d’attentats terroristes perpétrés contre les régions libanaises. La plupart des voitures piégées expédiées au pays du Cèdre sont préparées à Yabroud.
Assistée par les comités de défense populaire, l’armée syrienne a pris mercredi le contrôle des collines avoisinantes de Yabroud, proches des vergers de Rima. Ils ont reconquis Sohol et surtout la localité d’al-Jarayjir, très proche de la localité libanaise de Ersale.
Alors que Yabroud fait l’objet d’un bombardement intensif à l’artillerie lourde et aux raids aériens, les drones de reconnaissance ont été également engagés dans cette bataille. De nombreux miliciens ont péri, dont 40 du front d’al-Nosra, de l’aveu de ce dernier, rapporté par le journal libanais Assafir. Les hôpitaux sont remplis de blessés et certains d’entre eux ont été évacués au Liban.
Concentration de milices
La milice d’al-Nosra n’est pas seule dans cette localité stratégique. Presque toutes les factions insurgées en Syrie y sont présentes dont le Front Islamique (pro saoudien), les Brigades du Qalamoune, la Brigade al-Farouk, le Mouvement des Ahrar al-Cham, et d’autres milices de l’Armée syrienne libre.
La milice du front al-Nosra y cotie l’Etat Islamique en Irak et au Levant, ainsi que les Brigades vertes, les brigades Abdallah Azzam, Fath el-Islam et Ansar Beit al-Maqdes, tous proches d’al-Qaida.
Selon le quotidien libanais al-Akhbar les premiers sont mieux équipés et armés alors que les seconds sont supérieurs de par les capacités combatives de leurs miliciens, leur expérience et leur acharnement.
Concernant le nombre des miliciens présents dans la région d’al-Qalamoune, il oscille entre 10.000 et 15.000 déployés dans ses différents villages. Les milices sont réticentes à le dévoiler, mais des sources proches d’elles estime leur nombre à plus de vingt mille hommes. Le Front Islamique semble être le plus influent, suivi par les milices d’Al-Qaïda. Ils auraient entre les mains des armements confisqués repris du dépôt de l’armée syrienne à Mahin, dont des missiles de moyenne portée des Concors et des Kornet. Un atelier pour la fabrication d’obus et de Katiouchas se trouve aussi à Yabroud.
La bataille des « Rafidites »
Selon al-Akhbar, citant un chef libanais du front al-Nosra, les miliciens refusent pour le moment de riposter aux raids et aux bombardements et misent sur la bataille terrestre et le corps-à-corps. Ils s’attendent à son éclatement dans la nuit de jeudi à vendredi.
Selon le journal libanais Assafir, le front al-Nosra a déjà baptisé la bataille : « La bataille des Rafidites », terme péjoratif utilisé par les wahhabite pour designer les Alaouites et les Chiites. Dans un communiqué, il a menacé de contrer toute tentative d’avancée des combattants du Hezbollah. Selon ce al-Nosra, des surprises et des dizaines de suicidaires-attaqueurs » (une nouvelle génération de suicidaires, munis d’une ceinture explosive et d’une mitrailleuse, ils s’immiscent au sein de leur cible, ouvrent le feu puis se font exploser, dans le but de faire le plus de tués possibles) attendraient les assaillants.
Le journal Assafir assure que les autorités trouvent du mal à conclure un accord de réconciliation avec les miliciens à l’instar de ce qui s’est passe dans d’autres localités de Damas. Mercredi, les avions syriens ont disséminé des tracts dans ce sens.
Source : https://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=155615&;cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=37&s1=1
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