Décoré de la Légion d’honneur, Abderrahmane Dahman est nommé inspecteur général de l’Education nationale en 2009. Avant que Sarkozy ne le rappelle à ses côtés en janvier 2011. Campagne présidentielle oblige… Jusqu’en mars 2011, Dahmane a sillonné la France, réactivé les réseaux de la « diversité ».
L’UMP s’indigne… Suite à l’article publié vendredi sur « Marianne2 » annonçant l’appel de recteurs de mosquées et d’associations musulmanes à faire barrage à Nicolas Sarkozy, la polémique enfle. Rappelons que l’un de ses initiateurs, Abderrahmane Dahman, était l’un des conseillers « Diversité » du Président.
Franck Riester (député de Seine-et-Marne) et Eric Ciotti (député des Alpes-Maritimes), Thierry Mariani (secrétaire d’Etat aux transports)… Les plus (fines ?) gâchettes de la droite d’une UMP de plus en plus à droite ont cru bon de « récupérer » l’information que nous publiions vendredi, deux jours avant le premier tour. Selon eux, l’appel de certains musulmans à se mobiliser contre Nicolas Sarkozy serait « une transgression insupportable du principe de laïcité », les prémices d’une « République communautarisée ».
Est-il nécessaire de souligner le ridicule de cette indignation à géométrie variable : ni Riester, ni Ciotti, ni Mariani ne se sont révoltés lorsque Nicolas Sarkozy a assuré, prononçant le discours de Latran, que « l’instituteur ne pourra jamais remplacé le curé ou le pasteur ». En revanche, il est sans doute utile de rappeler à ces trois pharisiens (et aux sites d’extrême-droite qui les inspirent), qu’Abderrahmane Dahmane, l’un des animateurs principaux de ces initiatives, est l’ancien conseiller « Diversité » de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.
Aujourd’hui conseiller à la mosquée de Paris (qui fédère un réseau de 700 mosquées en France), il avait claqué la porte de l’Elysée en mars 2011, alors que l’UMP venait d’annoncer la tenue d’une convention sur l’islam. « L’UMP de Copé, c’est la peste pour les musulmans », avait-il alors déclaré, avant d’appeler les musulmans à ne pas renouveler leur adhésion au parti.
La « dérive de Sarkozy vers le FN » a signé la fin d’une belle amitié entre le président de la République et son conseiller, qui gravitait dans son sillage depuis 2005. Secrétaire national de l’UMP en charge de l’immigration de 2005 à 2007, Dahmane avait mené campagne pour Nicolas Sarkozy en banlieue et dans les milieux de l’immigration, avant de le suivre à l’Elysée. Pourtant, jamais Dahmane ne fût traité comme un vulgaire rabatteur de voix communautaires. Il jouissait d’un accès direct au président, ainsi qu’à son ex-bras droit Claude Guéant.
Décoré de la Légion d’honneur, il est nommé inspecteur général de l’Education nationale en 2009. Avant que Sarkozy ne le rappelle à ses côtés en janvier 2011. Campagne présidentielle oblige… Jusqu’en mars 2011, Dahmane a sillonné la France, réactivé les réseaux de la « diversité ». L’émissaire franco-algérien de Sarkozy, ancien animateur en France des campagnes du FLN, s’était aussi rendu discrètement en Algérie à deux reprises pour réchauffer les relations entre Paris et Alger. « Il s’agissait de mettre en place un comité de soutien à Nicolas Sarkozy », en prévision de l’élection présidentielle disait-il. A l’époque, personne, à l’UMP, n’hurlait au « communautarisme ».
De même que sans doute, on n’entendra peu de protestations à droite face aux appels à voter Nicolas Sarkozy au deuxième tour, dispensés dans les milieux catholiques les plus conservateurs. Ainsi, dans un communiqué intitulé « Les catholiques et le second tour », signé par trois abbés de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, on peut lire que « l’un des programmes proposé, porté par le candidat socialiste, démontre une volonté évidente de rupture avec les éléments premiers du Droit Naturel ; les conséquences de l’application d’un tel programme seraient dramatiques pour la vie quotidienne comme pour l’avenir des Français ». Selon eux, l’arrivée de François Hollande à l’Elysée signerait « la fin du respect de la vie et les expériences et manipulations sur les embryons », bref, « le formatage des consciences dans la culture de mort ». Les catholiques intégristes s’affolent aussi à la perspective de la fin de « la famille traditionnelle » avec la reconnaissance par les socialistes « de la famille homosexuelle », et des difficultés de financement que rencontreront immanquablement les écoles hors-contrat.
Qu’en pensent messieurs Mariani, Ciotti, Riester ?
Stéphanie Marteau – Marianne 2 (revue de presse)
Mercredi 25 Avril 2012