Depuis 1983, le général guatémaltèque Efrain Rios Montt a pu vivre tranquillement. Trente ans après, son passé le rattrape : il a fallu moins de deux mois pour le condamner le 10 mai, à l’âge de 86 ans, à cinquante ans de prison pour génocide et à trente ans pour crimes de guerre. Entre mars 1982, date de son putsch, et août 1983, date du contre-coup d’État, il avait joué un rôle central dans l’interminable guerre civile qui a fait plus de 200 000 morts entre 1960 et 1996. Le tribunal l’a reconnu coupable de l’assassinat de 1 771 Indiens mayas Ixil et d’atrocités sur les Indiens guatémaltèques. En Argentine, ce sont les dictateurs complices de l’opération Condor – Argentine, Chili, Paraguay, Uruguay, Bolivie et Brésil – qui sont dans le box des accusés. Le Chilien Augusto Pinochet et le Paraguayen Alfredo Stroessner sont morts, mais les dictateurs argentins déjà condamnés à vie, Jorge Videla et Reynaldo Bignone, et l’Urugayen Manuel Cordero sont concernés. En Argentine, la dictature a fait 30 000 morts et disparus entre 1976 et 1983. Désormais, la barbarie des dictatures militaro-fascistes latino-américaines sera inscrite de façon indélébile dans les tables de l’Histoire. Une reconnaissance indispensable à la construction de la démocratie dans ces pays.