En attendant un changement de gouvernement, le Parlement algérien (APN) élit à sa tête Mohamed Larbi Ould Khelifa (FLN).
Mohamed-Larbi Ould Khelifa a été plébiscité ce samedi 26 mai, à main levée et à la majorité lors d’une séance plénière, président de l’Assemblée populaire nationale (APN) pour un mandat de cinq ans au titre de la 7e législature.
Candidat unique, Ould Khelifa, élu du parti du Front de libération nationale (FLN) dans la circonscription électorale d’Alger, succède ainsi à Abdelaziz Ziari.
Ould Khelifa était le seul candidat en lice. Il a été élu par les députés du parti du FLN et ceux du Rassemblement national démocratique (RND), alors que les élus du Parti des travailleurs (PT) se sont retirés de la salle, se disant « non concernés » par l’élection du président de l’Assemblée.
Les députés du Front des forces socialistes (FFS) ont, quant à eux, contesté cette élection, estimant nécessaire la mise en place du règlement intérieur de l’Assemblée avant de procéder à l’élection de son président.
Réagissant à cette contestation, Ould Khelifa a indiqué que la question du règlement intérieur de l’Assemblée sera prise en charge ultérieurement conformément à la loi en vigueur.
La séance des 462 élus a été également perturbée par les 49 islamistes de l’Alliance de l’Algérie Verte (AVV) qui ont quitté l’hémicycle à la fin de l’installation de l’ensemble des députés, brandissant des pancartes rouges proclamant « Non à la fraude ».
« Nous avons décidé de nous retirer de la première séance de l’Assemblée nationale et de protester officiellement contre les résultats du scrutin », ont-ils précisé dans un communiqué.
L’AVV, regroupant le Mouvement pour la société et la paix (MSP), Ennahda (Renaissance) et le Mouvement El-Islah (Réforme), tous se définissant comme « islamistes », prenant ses désirs pour de la réalité, avait annoncé sa victoire avant même les résultats et avait même préparé un gouvernement.
Les islamistes, qui espéraient profiter de la poussée du courant dans les pays du Printemps arabe, n’ont finalement obtenu, tous courants confondus, que 61 sièges.
Pour eux, la nouvelle Assemblée représente un « retour à l’ère du parti unique » du Front de libération nationale (FLN, Présidentiel).
Qui est Mohamed Larbi Ould Khelifa ?
Âgé de 74 ans, M. Ould Khelifa a occupé plusieurs fonctions au sein de l’État, notamment secrétaire d’État chargé de la Culture et des Arts populaires, puis secrétaire d’État chargé de l’Enseignement secondaire et technique dans les années 1980 dans le gouvernement dirigé par feu Mohamed Ben Ahmed Abdelghani.
Membre du comité exécutif du FLN de 2005 à 2010, le Dr Ould Khelifa, élu dans la circonscription électorale d’Alger, a été le seul candidat du parti à briguer la présidence de l’APN.
Pour le Dr Ould Khelifa, la culture et le savoir sont les clés de la modernité et l’éducation et la formation les éléments essentiels pour préparer la société à se projeter dans l’avenir. Originaire de Kabylie, il plaide pour le renforcement de l’usage de la langue arabe et l’utilisation de la langue française pour servir les intérêts nationaux et les défendre.
M. Ould Khelifa est la septième personnalité à occuper le poste de président de l’APN depuis les premières élections législatives de 1977, après MM. Rabah Bitat, Abdelaziz Belkhadem, Abdelkader Bensalah, Karim Younès, Amar Saadani et Abdelaziz Ziari.
Considéré comme consensuel, Larbi Ould Khelifa, originaire de Bejaïa (250 km à l’est d’Alger), est désormais le 3e personnage de l’État, après le chef de l’État et le président du Conseil de la Nation (Sénat).
Selon le journal en ligne TSA (Tout sur l’Algérie), « Larbi Ould Khelifa a été préféré à Rachid Haraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur, originaire de Souk Ahras, où il a été élu sur la liste FLN. Jusqu’à la semaine dernière, Rachid Haraoubia était convaincu que son élection à la tête de l’APN ne serait qu’une formalité. C’était sans compter sur le véritable enjeu de ce vote : l’avenir d’Ahmed Ouyahia. »
Toujours selon TSA, « la décision d’imposer la candidature de Larbi Ould Khelifa a été prise mercredi dernier 23 mai au cours d’une importante réunion à El-Mouradia. Durant cette réunion, c’est surtout le sort d’Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement qui a été scellé. Sauf revirement de dernière minute, il ne sera pas reconduit à la tête du prochain Exécutif. »
« Pour pouvoir préparer le départ d’Ouyahia de la tête du gouvernement, écrit TSA, Abdelaziz Bouteflika devait commencer par respecter un premier principe qui régit le fonctionnement des grandes institutions du pays : l’équilibre régional. Au sein des institutions, Ouyahia “représente” la Kabylie et le Centre. Avec l’élection d’Ould Khelifa à la tête de l’APN, cette région restera représentée après le départ d’Ouyahia du gouvernement. Le Conseil de la Nation et le Conseil constitutionnel sont entre les mains de deux hommes de l’Ouest. Le prochain Premier ministre devrait être issu de l’Est. C’est pour cette raison que la candidature de Haraoubia à la présidence de l’APN n’a pas abouti. »