À l’initiative du Croissant-Rouge algérien, une journée de réflexion et d’action a eu lieu le 16 mai à Alger, consacrée aux moyens d’anticiper et de circonscrire les crises qui secouent la région.
Située dans l’œil du cyclone, dans une région travaillée par le chaos provoqué par des interventions étrangères à répétition, l’Algérie a eu la bonne idée, à travers le Croissant-Rouge algérien (CRA) présidé par Saïda Benhabylès, d’organiser un forum de réflexion sur l’action humanitaire, le 16 mai à Alger. La rencontre a réuni des représentants de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, du Comité international de la Croix-Rouge, les présidents du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge de plusieurs États arabes, de pays africains du Sahel, du Maghreb et de la Palestine. Autour de l’Algérie, ont participé à cette réunion des représentants de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), la Libye, la Tunisie, la Mauritanie, la Palestine, le Mali et le Niger.
Anticipant le sommet humanitaire mondial organisé par l’Onu à Istanbul, qui a démarré ses travaux le 23 mai, le menu de cette journée était riche. Il y a eu, bien sûr, les campagnes de sensibilisation face aux crises humanitaires, aux moyens de les prévoir et de les circonscrire. Mais il y a surtout eu un appel à l’action, à la coopération et surtout au volontariat, qui est au cœur de la philosophie de ces organisations. Contrairement à certaines ONG trop politisées, voire pour certaines, manipulées, les différents Croissant-Rouge et Croix-Rouge travaillent dans le silence et l’abnégation.
C’est le message adressé par le chef de la délégation du CICR à Alger, Askar Umarbekov, qui a insisté sur l’impératif de faire participer les habitants de la planète à l’esprit de volontariat et de donner à tous le moyen de faire changer les choses. « Chacune et chacun de nous doit travailler dans sa communauté afin que nous soyons à même de faire face aux situations actuelles de crise et à celles que nous voyons poindre. Ensemble, nous pouvons protéger notre avenir en agissant aujourd’hui », a-t-il noté.
Invité de marque de cette journée, Tayeb Louh, le ministre algérien de la Justice, garde des Sceaux, a surtout voulu s’attarder sur les causes de ces crises et tragédies, somme toute évitables : terrorisme transnational, migrations, déplacement forcé des populations… Il a appelé à davantage de coopération pour lutter contre le phénomène du terrorisme transnational, notamment afin de « combattre ses causes et assécher ses sources de financement et de traiter les retombées de ce phénomène transnational, menaçant la paix et la sécurité mondiales ». Il a aussi insisté sur le respect du droit international, dont la violation a été à l’origine de la plupart des tragédies et des conflits générateurs de catastrophes humanitaires.
Tayeb Louh a saisi cette occasion pour rappeler à quel point l’Algérie a « souffert des affres d’un terrorisme des plus abjects et a pu le vaincre grâce aux politiques de la concorde civile et de la réconciliation nationale » initiées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui a « réussi à éteindre le feu de la fitna [discorde] ».
C’est le même message qu’a adressé le Saoudien Saleh Ben Hamed el-Sahibani – dont le pays est pourtant en froid avec l’Algérie –, secrétaire général de l’Organisation arabe du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge au Forum : « au nom de l’ensemble de la communauté humanitaire internationale », il a remis au président Bouteflika, représenté par Tayeb Louh, le trophée du Chevalier de l’humanitaire.
Pour M. Sahibani, « les efforts consentis par le président Bouteflika au service de l’humanité, ainsi que son engagement continu pour la paix en Algérie et dans le monde » justifient cette haute distinction, ajoutant : « Le nom du président Abdelaziz Bouteflika est associé aux valeurs de concorde et de réconciliation. »
Au-delà des désastres actuels, la présidente du CRA, Saïda Benhabylès, a appelé à la coopération, à l’action, au volontariat pour soulager les souffrances provoquées par des puissances étrangères à la région. Elle a aussi insisté sur la nécessité d’aller aux racines des conflits, comme en Palestine, mais aussi au Sahara occidental. Le peuple sahraoui a certes besoin d’une aide humanitaire urgente, a-t-elle dit, mais « son plus grand besoin réside en sa liberté et son indépendance ».
Article paru dans le numéro de juin d’Afrique Asie