Le deal semble avoir été respecté de part et d’autre : contre son silence, Rafik Khalifa condamné à perpétuité en première instance, vit sa peine réduite à 18 ans. C’est du moins le pronostic des médias algériens d’opposition, tel qu’Echourouk. Mais contre toute attente, c’est le procureur général près la Cour de Blida qui a décidé d’interjeter en appel contre le jugement de la cour criminelle du 23 juin 2015.
À travers le jeu des réductions des peines particulièrement favorable aux primo-délinquants jouissant d’une conduite carcérale sans reproche, le condamné devrait bénéficier à son tour, d’une réduction équivalente à la moitié du temps passé derrière les barreaux : un simple décompte du temps purgé déjà par Khalifa depuis son arrestation par la justice britannique le 27 mars 2007, laisse penser qu’il devrait être libéré dès le 27 mars prochain.
Ainsi s’explique le calcul ingénieux derrière sa condamnation à 18 ans et les larges sourires qu’il a affiché peu de temps après l’énoncé du verdict.
Khalifa s’est pourvu en cassation sur les conseils de ses avocats, bien que cela semblait peu probable jusqu’à la dernière minute, cette action risquant de remettre en cause les avantages que lui profère le jugement du 23 juin 2015, particulièrement quand on sait que toute nouvelle procédure risquerait en effet de brouiller les cartes et changer la donne ; en effet il est patent que la tenue de deux nouveaux procès (cassation et retour en appel) ne pourra jamais avoir lieu dans les 9 mois, malgré les engagements pris avec les autorités britanniques au moment de l’extradition en décembre 2013 limitant à 4 mois le délai maximal pour la tenue de chaque procédure.
La clémence ostentatoire du jugement, explique largement les civilités échangées entre les avocats de la défense et ceux de la partie civile qui ont cherché par tous les moyens à faire passer le principal accusé en victime d’un complot que d’aucun d’ailleurs n’a réussi à fonder.
On pouvait donc dire que « le deal » était parfait alors que la justice des hommes apparaissait de plus en plus imparfaite.
Conformément à l’usage, le procureur général près la Cour de Blida a décidé à son tour de se pourvoir en cassation.
Pour rappel, Abdelmoumène Khalifa a été reconnu coupable de l’ensemble des chefs d’accusation à savoir association de malfaiteurs, faux et usage de faux, vol qualifié au détriment de la banque El Khalifa, escroquerie, abus de confiance au détriment des déposants, ainsi que la corruption, le faux en écritures bancaires et enfin la banqueroute. Rafik Khalifa n’a pas bénéficié des circonstances atténuantes et a été condamné à 18 ans de réclusion, une amende d’un million de dinars (10 000 euros) et la confiscation des biens saisis dans le cadre de cette affaire. Si son pour pourvoi est rejeté, sa condamnation sera définitive : il pourra demander sa libération conditionnelle dans la foulée.
Par contre, si le pourvoi en cassation est admis, un autre procès en appel devrait être tenu à Blida, avec les risques de voir sa condamnation confirmée : Rafik Khalifa espère que les délais de tenue de ce procès seront conformes aux engagements pris auprès des Anglais. En attendant l’hypothétique date de tenue ce procès, l’ex-Golden Boy restera en prison pour une dizaine d’années. Il ne pourra plus réclamer sa mise en liberté conditionnelle tant que son nouveau jugement n’est pas définitif : un coup de poker périlleux, sauf à ce que le scénario du « deal » soit d’ores et déjà écrit.
Source : médias algériens