Non, il n’y a rien dans cette campagne électorale qui préfigurerait que l’Algérie est à la vieille d’une grande surprise à l’occasion du scrutin du 10 mai.
Les jours de campagne se suivent et se ressemblent. Les meetings partisans qui s’enchaînent et se suivent n’attirent guère les grandes foules. Aucun des partis que leurs chefs de file présentent comme allant « rafler la mise » électorale le 10 mai ne parvient à faire de démonstration de force susceptible d’étayer ce pronostic.
Flagrante incapacité que démontrent même et surtout les trois formations islamistes regroupées dans « l’Alliance verte » qui ont promis que le scrutin du 10 mai donnera lieu à une vague de la même coloration que celle de leur coalition électorale. Rien en effet dans les rassemblements qu’animent les leaders de cette alliance ne présage la vague verte annoncée par eux. Comparés aux grandes messes électorales qu’organisait l’ex-Fis au temps où légal il a briqué le pouvoir, les meetings de l’Alliance verte sont d’une piètre dimension. Tout comme les autres partis concurrents, l’Alliance verte peine à drainer vers elle les foules dont l’ampleur et l’engouement donneraient crédit à la perspective de la vague verte à son profit envisagée par elle. D’autres partis, islamistes ou pas, font eux aussi le pronostic que les urnes vont leur être favorables et qu’ils seront les gagnants, mais se retrouvent confrontés sur le terrain à une réalité qui a dû leur faire rabaisser dans le secret de leurs états-majors respectifs les ambitieuses prétentions qu’ils martèlent au cours de leurs meetings ou délivrent par médias interposés.
Non, il n’y a rien dans cette campagne électorale qui préfigurerait que l’Algérie est à la vieille d’une grande surprise à l’occasion du scrutin du 10 mai. La platitude n’a rien d’une dynamique dont il faut attendre le « miracle électoral » que ces partis s’estiment en capacité de produire. L’indifférence des citoyens à l’agitation électorale qu’ils tentent de provoquer est tout aussi marquée qu’aux premiers jours du démarrage de la campagne. Au vu de quoi il faut vraiment faire de la politique-fiction pour envisager un quelconque raz-de-marée électoral en faveur de l’un ou des partis en course de quelque courant politique que ce soit. En revanche, l’atonie de cette campagne et le désintérêt que lui manifestent les citoyens confortent de plus en plus sérieusement la probabilité d’une abstention massive des électeurs à l’occasion du scrutin
Il reste un peu plus d’une semaine de campagne. L’on ne voit pas comment les partis qui la battent sont en mesure de lui imprimer une autre tournure plus offensive et surtout génératrice d’engouement populaire sans lequel aucune vague électorale n’est envisageable. Quand à plus du mi-chemin de cette campagne les auditoires devant lesquels pérorent les « ténors » du champ partisan se découvrent aussi piteusement réduits alors que la compétition électorale est donnée pour devant être décisive en ses résultats sur ce que va être l’Algérie de l’après 10 mai, il y a lieu de penser que ces partis ne sont convaincants ni par les programmes qu’ils déclinent, ni par les promesses qu’ils dispensent. Beaucoup d’entre eux ont pris d’ailleurs conscience qu’ils rament dans le vide et ne battent plus campagne que de façon symbolique. Un « baisser de bras » annonciateur de leur mort politique aussitôt la compétition électorale terminée.
Source : Le Quotidien d’Oran