Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a affirmé, jeudi dernier à Djelfa, que l’initiative de la zaouïa El-Merzouguia dans la lutte contre la violence et l’extrémisme est une réponse à l’appel du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à faire face à ce fléau.
Intervenant à l’ouverture d’une journée d’étude, organisée par la zaouïa El-Merzouguia, dans la commune de Benhar, le ministre a valorisé le thème proposé au débat, en l’occurrence «Le rôle des zaouïas face à la violence et à l’extrémisme dans les nouveaux moyens de communication». Il a indique qu’il s’agit d’un «contre écho» à l’appel du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’adresse des imams, à l’occasion de la fête de la Victoire, le 19 mars dernier. Le Chef de l’État, a-t-il dit, «avait alerté la nation sur le danger qui nous guette, à savoir le néo-colonialisme qui ne repose ni sur les soldats ni sur les blindés, mais sur les idées étrangères et les fausses croyances».
Il a ajouté, dans ce contexte, que «ce néo-colonialisme recourt aux moyens modernes pour parvenir à la dispersion de la nation musulmane et à sa refonte sur des bases sectaires en semant la division dans un même pays entre Sunnite et Chiite, Ibadhite et Malikite, et entre Zaïdiste et Sunnite, mais également entre chrétiens et musulmans».
«Chaque État que compte le monde musulman est ciblé dans le seul but d’affaiblir sa voix et de vider l’État de tout son sens, y compris l’Algérie, pays d’un million et demi de chahids, que certains veulent diviser en mini-États et en sectes en conflit», a estimé Mohamed Aïssa.
Après avoir salué l’initiative de la zaouïa El-Merzouguia, il a annoncé l’organisation, le 25 de ce mois, dans la zaouïa de Relizane, d’une rencontre similaire qui débattra d’un thème proche de celui-ci, rappelant que les zaouïas du monde musulman se réuniront prochainement à Mostaganem, outre la rencontre dans la zaouïa El-Kadiria, dans la wilaya d’Ouargla, prévue le 19 avril.
Dans son allocution d’ouverture, le cheikh Yacine Abdelkader, a souligné l’importance de cette initiative qui reflète le rôle capital des zaouïas.
Celles-ci sont entreprises par les zaouïas, car étant «convaincues de leur rôle dans la préservation des constantes de la société, de son legs religieux et culturel, et de son ouverture sur les journalistes, les intellectuels, les hommes de sciences et les politiques», a-t-il tenu à faire remarquer.
Par ailleurs, la rencontre qui s’est déroulée en présence d’ambassadeurs de pays arabes, dont l’Égypte, la Palestine et le Koweït, de notables et chouyoukh de zaouïas et docteurs conférenciers venus de différentes wilayas, a été marquée par la présentation de plusieurs interventions, dont celle du Dr Boumediene Bouzid, chercheur universitaire et directeur de la culture islamique au ministère des Affaires religieuses, intitulée
«La crise des valeurs et les TIC», et celle de Mohamed Baghdadi, professeur et journaliste, sur «L’institution religieuse, entre le flux médiatique et la consommation informative».
La rencontre a été sanctionnée par la distinction de plusieurs participants, dont le ministre, les ambassadeurs invités d’honneur, les chouyoukh des zaouïas et les docteurs chercheurs, ainsi que les autorités locales de la wilaya. Les ambassadeurs ont été unanimes à saluer cette initiative, soulignant l’importance du thème pour faire face à la violence et à l’extrémisme, qui mènent à la dislocation des sociétés.
Une réponse à l’appel du Président Bouteflika
Les participants ont appelé à reconsidérer et à renouveler le discours religieux dans le traitement des questions liées à la famille, de sorte à dynamiser son rôle dans la société. Les intervenants ont mis en exergue l’intérêt de reconsidérer et de renouveler le discours religieux dans le traitement des questions afférentes à la famille, leur adaptation aux défis actuels de la famille algérienne pour dynamiser son rôle dans la société, ainsi que le renforcement du système des mourchidate (guides) au sein de la mosquée et la promotion de leurs missions dans la lutte contre les formes de déviance sociale et d’extrémisme. Les participants ont, en outre, plaidé pour l’organisation, par le secteur des affaires religieuses, en coordination avec des sociologues et psychologues, de sessions de formation sur la qualification familiale et sur l’intégration et l’exploitation d’expériences de spécialistes, sociologues et psychologues au niveau des institutions de la société (enseignement, santé, justice et établissements pénitentiaires). La mise en place de commissions sectorielles pour la sensibilisation des familles, ainsi que l’établissement de conventions entre laboratoires de recherches universitaires, instances concernées par la famille et le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs pour faire face aux maux sociaux et à la criminalité, sont d’autres recommandations issues de cette rencontre. Les séminaristes ont, par ailleurs, valorisé les efforts de l’État en matière de lutte contre les pensées destructrices pour préserver la société et sa cohésion, avant de suggérer pour la prochaine édition du séminaire le thème de «Rôle de la mosquée, de la famille et de l’école dans la sécurité intellectuelle à la lumière de la Sira (conduite du Prophète Mohammed)».
Appel à la prise en charge des jeunes
Dans les recommandations issues de cette rencontre, placée sur le thème «Le rôle des zaouïas face à la violence et à l’extrémisme dans les nouveaux moyens de communication», et présidée par le ministre des Affaires religieuses et des Wakf, Mohamed Aïssa, les participants ont appelé «les cheikhs des zaouïas à accorder davantage d’intérêt aux jeunes, à travers l’organisation de conférences et de colloques de sensibilisation» dans ce sens. Ils ont également préconisé d’installer des conseils scientifiques au niveau des zaouïas, composés d’experts dans diverses spécialités. Les responsables des zaouïas ont demandé au ministre des Affaires religieuses et wali de Djelfa, Abdelkader Djelaoui, d’instituer cette rencontre et d’en faire un rendez-vous annuel. La zaouïa a appelé les journalistes et penseurs à réfléchir au thème de la prochaine rencontre qui débattra des moyens «de mieux présenter aux jeunes le soufisme et la culture des zaouïas». La présence des ambassadeurs égyptien, palestinien et koweïtien à cette rencontre a également été saluée par les participants.
El Moudjahid
https://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/92813