La visite en Algérie de la secrétaire d’État Hillary Clinton, ainsi que les rencontres de l’ambassadeur américain avec certaines ONG, n’ont pas plu. Surtout à quelques semaines des élections législatives.
La réaction la plus frontale aura été celle de Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT). « Nous n’avons pas de conseils à recevoir de Mme Clinton. Celle-ci affirme qu’elle veut que l’Algérie ait la place qui lui sied dans le monde, mais de quelle place parle-t-elle ? Une place comme celle qu’occupe actuellement le Qatar ? Ce dernier qui agit en sous-traitant pour servir les intérêts américains ? Non. Nous ne voulons pas de cela. Le PT veut que l’Algérie soit La Mecque des révolutionnaires comme appelée autrefois », a-t-elle déclaré au forum d’El Moudjahid. Mme Hanoune accuse la représentante des affaires étrangères américaines d’être directement impliquée dans un complot international contre la Syrie et d’autres pays arabes : « Sa visite entre dans le sillage du complot international contre la Syrie. » La représentante du PT évoquera alors la conférence organisée à la même période à Tunis et dira : « Ils parlent d’une conférence des amis de la Syrie. Non, c’est faux. Ce ne sont pas les amis de la Syrie mais les ennemis de la souveraineté nationale. C’est un complot international qui vise et la Syrie et d’autres pays arabes dans le monde, dont l’Algérie. Cela rentre dans ce qu’ils appellent le Grand Moyen-Orient (GMO). C’est un processus de désagrégation et la Ligue arabe est un instrument de guerre. Le Qatar aussi y est fortement impliqué. Nous saluons le peuple tunisien qui a dénoncé cette manœuvre politique organisée dans son pays. » Et Mme Louisa Hanoune de réaffirmer son rejet de toute ingérence étrangère : « Le PT est contre toute forme d’ingérence. Nous sommes pour la souveraineté des peuples mais sans interférence étrangère. Nous disons qu’il n’y a pas eu de printemps arabe et il n’y en aura pas. Ce sont des révolutions fabriquées par des laboratoires américains. » Pour Mme Louisa Hanoune l’Algérie est ciblée : « Nous sommes ciblés. De grandes pressions sont exercées sur le pays. Notre politique étrangère dérange. Notre résistance dérange les intérêts américains. »
Par ailleurs les rencontres organisées par l’ambassade des États‑Unis à Alger avec certains représentants de la société civile ont choqué plus d’un. Interrogé le lundi 27 février par la presse, Dahou Ould Kablia, ministre de l’Intérieur, a estimé que ces rencontres pouvaient être considérées comme une forme d’ingérence dans les affaires de l’Algérie. Selon lui, l’ambassade américaine a agi de manière unilatérale, sans en informer les autorités algériennes. Mais le ministre s’est gardé de condamner fermement l’attitude des Américains. Il a fait remarquer qu’« il n’existe pas de loi sanctionnant » un contact avec la société civile ou les partis politiques au niveau des ambassades.
Le précédent Ford
En fait, ce n’est pas la première fois que l’ambassade américaine à Alger est soupçonnée d’ingérence suite à des contacts avec des partis politiques et des acteurs de la société civile. On se souvient qu’en 2008 déjà, en plein débat sur la révision de la Constitution et la réélection de Bouteflika à un troisième mandat, l’ancien ambassadeur Robert S. Ford a été accusé d’ingérence dans les affaires internes du pays. À l’ouverture de la session de printemps du Parlement, Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement à l’époque, avait publiquement reproché à l’ambassadeur américain d’avoir reçu des associations et des partis politiques pour les échéances électorales en Algérie. Une initiative considérée à l’époque par Belkhadem comme une transgression des règles et des usages diplomatiques.