Quatre mois après les législatives remportées par le Front de libération nationale (FLN), l’Algérie a un nouveau gouvernement, dirigé par Abdelmalek Sellal, un homme ouvert, proche du chef de l’État. Il prend le relais d’Ahmed Ouyahia, en place depuis 2008, à la tête d’une équipe renouvelée, comptant treize nouveaux membres sur trente-six. Plusieurs anciens sont partis et l’on remarque, pour la première fois dans l’exécutif, de nouvelles têtes de jeunes gens que le président Abdelaziz Bouteflika s’emploie à promouvoir. La génération de la guerre d’indépendance « a fait son temps », il est temps de passer le témoin aux générations suivantes, avait-il proclamé à Sétif, quelques jours avant le scrutin législatif d’avril dernier. Parmi les nouveaux promus, il faut citer Hocine Necib, homme de terrain, qui prend la succession d’Abdelmalek Sellal à la tête du ministère des Ressources en eau, Abdellatif Baba Ahmed, recteur de l’université de Blida, qui remplace Aboubakr Benbouzid à l’Éducation nationale, Bachir Messitfa, expert économique, qui prend la charge de la Prospective et des Statistiques auprès du premier ministre, Dalila Boudjemâa à l’Environnement, Belkacem Sahli (Émigration), Mohamed Amin Hadj Saïd (Tourisme), Belkacem Mellah (Jeunesse et Sports).
La plupart des grands ministères, notamment les ministères régaliens : Intérieur, Affaires étrangères, Énergie et Mines n’ont pas changé de titulaires, respectivement Dahou Ould Kablia, Mourad Medelci et Oucef Yousfi. Les autres départements ont été confiés à des ministres d’expérience, dont certains font leur retour au gouvernement après avoir été affectés à d’autres missions durant la période précédente. Le ministère de la Communication – l’un des départements ministériels les plus difficiles à gérer dans un paysage médiatique turbulent – a été confié à Mohammed Saïd, un journaliste chevronné, qui a tâté de la diplomatie avant de fonder son propre parti.
Parmi les partants, figurent notamment Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur puis vice-premier ministre sans attributions précises du gouvernement Ouyahia, Abdelhamid Temmar, qui avait eu la charge de l’Industrie avant de prendre la Prospective et les Statistiques dans le gouvernement sortant, et Ould Abbès, qui laisse la Santé et la Réforme hospitalière à Abdelaziz Ziari, ancien président de l’Assemblée nationale.
Le nouveau gouvernement veut être le reflet de la stabilité défendue par le chef de l’État dans un environnement politique marqué, à l’est et à l’ouest de l’Algérie, par le tumulte des « printemps arabes », et en même temps un gage d’ouverture préparant le pays aux réformes politiques et institutionnelles. Abdelmalek Sellal, dont la réussite à la tête du ministère des Ressources en eau est reconnue, a pour mission de parachever l’application accélérée du programme d’investissements en cours jusqu’en 2014 (le troisième en quinze ans, d’un montant total de plus de 500 milliards de dollars). Il doit aussi répondre aux attentes des jeunes concernant l’emploi et la formation professionnelle, poursuivre et approfondir la réforme de l’administration, etc. Avec, en ligne de mire, les élections communales et régionales de fin novembre 2012 et la présidentielle prévues en avril 2014.
Dès sa nomination, Abdelmalek Sellal a annoncé qu’il allait prendre à bras-le-corps la remise en état des services publics, dont le bon fonctionnement conditionne la qualité de la vie dans les villes et les campagnes. L’Algérie doit d’ici là se doter d’une nouvelle Constitution, qui marquera à nouveau une avancée dans le processus de démocratisation de ses institutions entamé il y a plus de vingt ans, freiné par la « décennie noire » du terrorisme et repris depuis le début 2000. Parmi les acquis de ce processus figurent notamment la liberté d’expression, le multipartisme et le pluralisme syndical, la tenue de scrutins ouverts et transparents, l’émergence d’une société civile remuante et revendicative.