Réagissant à la condamnation de Khaled Drareni à trois ans de prison ferme par le tribunal de Sidi M’hamed pour « atteinte à l’unité nationale » le ministère algérien de la Communication s’est abstenu de commenter une décision de justice tout en indiquant, dans un communiqué, que ce dernier n’a jamais été détenteur de la carte de presse professionnelle. En voici le texte intégral de ce communique, tel que rapporté par l’agence de presse publique APS.
« Le ministère de la Communication, qui s’abstient de tout commentaire d’une décision de justice prononcée par une institution indépendante de la République en vertu du principe d’autorité de la chose jugée, après vérification auprès de ses services compétents, tient à apporter les précisions suivantes :
Khaled Drareni n’a jamais été détenteur de la carte de presse professionnelle prévue par l’article76 de la loi organique 12-05 relative à l’information du 12 janvier 2012.
Aucune demande n’est parvenue à cet effet aux services compétents du ministère de la part de Khaled Drareni.
Par ailleurs, aucun organe ni institution indépendante ayant diffusé ses couvertures et commentaires n’a sollicité des autorités compétentes la délivrance de l’accréditation préalable requise à l’effet de l’employer, en application de l’article 81 de la loi organique (12-05).
Comme nous avons déjà eu l’occasion de le rappeler s’agissant de l’ambivalence de la relation de travail avec certains organes employeurs étrangers, certains journalistes s’installent comme « correspondants de fait » – non accrédités selon les procédures en vigueur – d’organes étrangers, et entretiennent une sorte de « loi du fait accompli » qui les expose à plusieurs risques dont le premier, et non des moindres, est qu’ils ne sont pas reconnus comme correspondants.
Les journalistes en question doivent savoir que les pays des médias qui les emploient n’auraient jamais toléré de telles pratiques sur leurs sols respectifs.
Les voies de recours, cadre idoine et exclusif d’un traitement juste du dossier, permettent à la défense de faire appel de la décision prononcée en première instance, loin de toute ingérence, de toute politisation et de toute manipulation d’une affaire qui, selon les qualifications retenues des faits, ne relève pas du libre exercice du métier de journaliste ».
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Khaled Drareni reconnaît, assume et se vante d’avoir travailler sans accréditation : https://www.facebook.com/watch/?v=531198197597157
Si certains cyber activistes prennent fait et cause pour lui, d’autres, comme Abdurrahmane Ziad sur sa page facebook dénoncent ce comportement irresponsable.
Sous le titre « Le Cas DRARENI », il écrit sur sa page :
« Je vais essayer d’être objectif en comparant des situations pour mieux comprendre le contexte :
Prenons un exemple très simple, Drareni, correspondant de TV5 et occasionnellement de France 24 (ce qui est son droit le plus absolu puisqu’il est accrédité auprès de ces chaînes) commence à tweeter pour appeler ou relayer des appels aux « Hirakistes » pour sortir du cadre des manifestations du vendredi et même de manifester la nuit…
Bon, si demain le correspondant d’un journal algérien en France fait un tweet pour encourager les gilets jaunes à manifester hors du cadre des manifestations autorisées, voilà ce qui va se passer :
– S’il est de nationalité algérienne, il sera illico mis dans le premier avion pour Alger,
– S’il est français ou même binational, il tombera sous le coup de la loi, à savoir l’article 431-9 du Code Pénal français, qui punit de 6 mois d’emprisonnement et de 7500 Euros d’amende les appels à manifester hors du cadre des manifestations autorisées.
La seule différence avec l’Algérie, c’est que ce journaliste ne fera l’objet d’aucun avertissement, il sera soit expulsé, soit écroué dans l’heure qui suivra le tweet…
Pour Drareni, les autorités ont été plus que bienveillantes, elles lui ont foutu la paix pendant toute la durée du Hirak.
Suite à son tweet appelant à manifester la nuit, il a reçu en tout et pour tout 4 avertissements puis il est interpellé le 9 janvier pour être relâché dans la soirée après un simple avertissement.
En bon Algérien qui se respecte, Drareni prend la mansuétude pour de la faiblesse et il remet le couvert. Cette fois- ci il est interpellé début mars, placé sous contrôle judiciaire, et accusé, à juste titre, d’incitation à attroupement non armé. Fin mars il est placé sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach puis transféré à la prison de Koléa.
Il tombe sous le coup de l’article 100 du Code Pénal algérien qui prévoit une peine d’emprisonnement de 1 à 6 mois et d’une amende de 2000 à 5000 DA ou de l’une de ces deux peines seulement.
Comme son tweet a été effectivement suivi d’effet, Drareni pourra toujours remercier les abrutis qui sont sortis brailler en nocturne, mais pour cela il devra attendre sa sortie de prison…
Pour le 2ème chef d’inculpation, il porte sur des appels à ne pas participer aux élections ! On rêve… On est en plein délire, un correspondant d’une chaîne étrangère qui appelle à ne pas participer aux élections ?
Quand on prend la responsabilité de correspondre pour une chaîne étrangère, on met son militantisme de côté, à un moment il faut faire des choix dans la vie… Le cumul des 2 chefs d’inculpation lui vaudra donc 3 ans… »
Drareni a vraiment cru qu’il vivait dans une république bananière, où la justice est incapable de le punir parce que soutenu par RSF, TV5 ou France 24 et quelques hurluberlus. Il a pensé pouvoir impunément surfer sur la vague du hirak en alternant les casquettes du hirakiste militant, du journaliste « indépendant », ou du correspondant de chaînes de TV étrangères. »
« Il est l’illustration même des dévoyeurs du Hirak » écrit le facebooker…
APS et FaceBook
http://www.aps.dz/algerie/108583-khaled-drareni-n-a-jamais-ete-detenteur-de-la-carte-de-presse-professionnelle
&
https://m.facebook.com/100034336568032/posts/337929920694891/?d=n