Après la dernière barbouzerie des services français dans l’exfiltration d’une activiste algérienne poursuivie pour propos haineux et orduriers de nature à porter atteinte à l’ordre public et à l’unité nationale, les Algériens sont désormais unanimes dans leur dénonciation de la duplicité politique des dirigeants français. Une duplicité qui suscite une francophobie de plus en plus massive de l’autre côté de la Méditerranée.
Par Philippe Tourel
L’un des enseignements de la scabreuse affaire Amira Bouraoui est que soixante ans après la fin de la guerre de libération qui s’était couronnée par l’indépendance de l’Algérie, les réflexes néocoloniaux continuent, hélas, à rythmer épisodiquement le discours et le comportement de certains milieux en France, que ce soit au niveau du pouvoir politique, de certains lobbies ou des médias dits du service public. Tout cela met doute la « sincérité » et la « bonne foi » de cette France officielle.
Ce sont pourtant les dirigeants français, qui ont provoqué et alimenté, tout au long de ces 60 années d’indépendance de l’Algérie, une forte hostilité, qui a entraîné des grands « malentendus », inaugurant ainsi un sentiment de rejet de tout ce qui vient de l’ancien colon.
Même, si les relations entre les présidents de la République des deux pays ont connu une fortune diverse, force est de reconnaître que les différents locataires du palais de l’Élysée n’ont jamais respecté leurs engagements. Mieux, ils ont fait de la barbouzerie d’État leur modus operandi.
Aujourd’hui, l’histoire des relations algéro-françaises est plus complexe que ces visions tranchées. Il n’y a plus de place, à cette routine des rencontres bilatérales qui servent juste à reproduire les éternels clichés langagiers pour essayer d’encenser une « sérénité » retrouvée, qui n’en n’est pas une.
Les petits cercles de francophiles et les effectifs de la cinquième colonne ne peuvent se substituer à un peuple qui en a assez de cette ambiguïté et de cette hypocrisie. Il n’y a plus de place à la sympathie. Désormais, Alger regarde tout ce qui arrive de Paris avec une très grande méfiance.