Comme tous les pays en transition, l’Algérie a été confrontée dès son indépendance à la tâche immense de scolariser des centaines de milliers d’enfants qui en étaient privés pendant la période coloniale, et d’ouvrir devant eux l’enseignement supérieur pour une formation de qualité dans tous les domaines. L’objectif de démocratisation de l’enseignement a été atteint. C’est donc à la qualité des formations que les autorités se sont attaquées, avec un premier bilan encourageant.
Bien avant la date butoir de 2015, l’Algérie a atteint un des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de l’Onu, avec un taux de scolarisation de 98 % des enfants (filles et garçons) de 6 ans. Dès l’indépendance, le principe d’un enseignement démocratique, gratuit et obligatoire a été affirmé avec force. Sa mise en application sur le terrain s’est accompagnée d’un gigantesque effort de construction d’établissements de toutes natures et de formation de formateurs à tous les niveaux de la scolarité. Il ne s’est jamais démenti depuis, suivant une vigoureuse progression démographique. Les classes surchargées ne sont plus qu’un souvenir du passé, hormis dans quelques établissements de régions éloignées. Le taux d’occupation moyen national des classes du primaire a baissé à moins de trente élèves par classe. L’encadrement s’est nettement amélioré, y compris dans le supérieur, où tout est fait actuellement pour rattraper les insuffisances.
Un effort soutenu a été consenti pour le financement de l’enseignement, considéré comme un investissement stratégique. L’Algérie y consacre près de 5 % de son PIB et 20 % du budget annuel – deux taux parmi les plus forts au monde. Le parc des infrastructures de l’éducation nationale atteint près de 25 000 établissements (écoles primaires, collèges d’enseignement moyen et lycées), qui accueilleront un effectif global de plus de huit millions d’élèves. Le vaste programme d’équipement didactique, de rénovation, de mise à niveau et d’adaptation a concerné plus de 1 600 établissements, tous cycles confondus. La climatisation des établissements scolaires des départements du Sud doit être généralisée, ainsi que les cantines dans les zones rurales. Plus de 60 millions de manuels scolaires sont distribués à titre gratuit aux élèves, quel que soit leur niveau.
Année après année, les effectifs évoluent en hausse, avec la scolarisation plus marquée des filles, notamment dans les zones rurales. Plus de huit millions d’élèves sont scolarisés et, résultat direct de cet effort, le taux d’alphabétisation des jeunes entre 15 et 24 ans atteint désormais 92 %. Plus de 400 000 enseignants sont chargés de cette formation. La plupart sont issus des instituts de formation, avec un niveau pédagogique en constante amélioration grâce à la formation continue. Le plan de formation continue mis en œuvre depuis 2005 a vu l’inscription de près de 134 000 enseignants du primaire et du cours moyen, dont 57 900 ont achevé leur formation académique qui correspond au niveau de licence (trois ans d’université).
Par ailleurs, dans le cadre de la stratégie nationale d’alphabétisation, 1,62 million d’apprenants ont été inscrits, encadrés par près de 26 000 agents d’alphabétisation. Au niveau pédagogique, plusieurs actions ont été engagées pour le développement de l’enseignement d’adaptation (élèves difficiles) dès la deuxième année du primaire, la généralisation de l’enseignement de l’informatique, le réaménagement du temps scolaire afin d’alléger la journée de l’élève et lui offrir des espaces horaires pour des activités périscolaires, le développement de la lecture, etc.
L’évolution positive des taux de réussite enregistrés ces dernières années aux différents examens (fin de cycle primaire, brevet d’enseignement moyen, baccalauréat) montre que les performances scolaires s’inscrivent dans une logique de progression constante au double plan quantitatif et qualitatif. Cette évolution est notamment illustrée par le taux de réussite au baccalauréat, qui a atteint plus de 62 % en 2012, alors qu’il ne dépassait guère 30 % il y a quelques années. Il faut souligner par ailleurs l’accroissement, au fil des ans, du nombre de candidats reçus avec mention.
Dans ses directives sur l’enseignement, le président Abdelaziz Bouteflika ne cesse d’insister sur la nécessité de poursuivre les mesures destinées à réduire les déperditions scolaires. Il s’agit, à travers ces mesures, de « concrétiser le principe d’équité et d’égalité des chances de réussite », selon le chef de l’État. Il rappelle constamment l’impératif d’améliorer la qualité et le rendement du système éducatif, « en s’appuyant, notamment, sur le développement de l’enseignement des disciplines scientifiques ». Il veut aider la jeunesse algérienne à s’approprier les nouvelles technologies en mettant en place des programmes prometteurs : des écoles pilotes qui étrennent le cartable scolaire, un institut de langue qui propose une plateforme d’e-learning pour faciliter l’apprentissage des langues étrangères, le projet e-école qui ambitionne de connecter élèves, enseignants et parents avec les 117 établissements opérationnels.
L’enseignement supérieur a dû faire face, de son côté, à la « massification » de ses effectifs et à une insuffisance criante, au départ, de son encadrement. Le passage à l’enseignement supérieur d’un nombre d’étudiants plus important d’année en année est le résultat d’une demande sociale de formation en expansion et d’une offre qui lui répond favorablement, dans le cadre de la démocratisation de l’éducation considérée comme facteur essentiel de promotion sociale et de progrès économique. Cette demande est alimentée par le développement de l’enseignement secondaire, lui-même lié à l’idée que la formation générale est le meilleur moyen d’assurer une réussite sociale future. Dans ce contexte, tous les bacheliers optent pour la poursuite d’études supérieures. Ils sont attirés par les perspectives offertes aux diplômés de l’enseignement supérieur, et encouragés par un système d’accès relativement ouvert à l’université. Enfin, la plus grande majorité des étudiants sont boursiers de l’État et bénéficient de prestations universitaires (restaurant, transport et chambres universitaires) à un coût très bas.
Depuis 1990, le nombre d’étudiants a ainsi été multiplié par cinq pour atteindre environ 1, 25 millions d’étudiants, dont 245 000 nouveaux bacheliers. À ce rythme, le nombre d’étudiants pourrait atteindre 2 millions en 2020, même si on a constaté en 2012 un début de palier avec un nombre de bacheliers sensiblement égal à celui de l’année précédente.
Pour les autorités, la priorité est désormais d’assurer un encadrement suffisant et de qualité et d’adapter le réseau et les infrastructures au nombre croissant d’étudiants. Elles vont notamment poursuivre avec la persévérance nécessaire la réforme dite LMD (licence, masters, doctorat) qui a fait ses preuves en Europe et dans le monde. Selon les responsables, le système LMD est destiné à répondre à la demande économique et sociale en s’adaptant à l’environnement international, donner un cadre homogène à l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, offrir aux bacheliers une palette de choix selon leur capacité et leur rythme, et renforcer la capacité des entreprises dans la prise en charge des missions d’enseignement supérieur.
La formation est organisée en trois cycles : une licence en trois ans, un master puis un doctorat. 354 licences et 126 masters à finalité professionnelle ont ainsi vu le jour dans le cadre de la réforme.
Le réseau universitaire algérien est constitué de 85 établissements, répartis dans 47 départements, dont 36 universités et 17 centres universitaires, ainsi que 16 écoles nationales supérieures, 10 écoles préparatoires et 6 écoles normales supérieures. Il abrite plus de 1,2 million d’étudiants – dont 60 % de filles – encadrés par 40 000 enseignants. Le réseau d’hébergement est passé de 11 cités universitaires en 1971 à 103 en 1999, avec une capacité d’hébergement de 163 000 lits. Il a atteint 385 cités en 2012 ayant une capacité d’hébergement estimée à 600 000 lits.
Près de 900 000 étudiants bénéficient d’une bourse. L’amélioration des conditions matérielles des étudiants – et des enseignants – a permis d’atténuer considérablement les tensions qui marquaient d’une façon chronique les rentrées universitaires il y a quelques années. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, s’en est félicité en soulignant les efforts continus de l’État dans ce domaine. « Toutes les revendications pédagogiques des étudiants ont été prises en charge et satisfaites », a-t-il dit.
Concernant le classement des universités algériennes au niveau mondial, il a souligné : le ministre a souligné : « Nous œuvrons à arborer les universités algériennes au rang des universités universelles, ce qui requiert des critères précis, qui diffèrent d’un classement à un autre. » Il a qualifié d’« honorable » le classement de l’université de Constantine, qui dépassé certaines universités françaises, japonaises, américaines et chinoises connues dans le dernier classement mondial de Shanghai.
L’encadrement universitaire a connu une évolution quantitative et qualitative importante. Le nombre d’enseignants est ainsi passé de 296 en 1962-1963 à 16 000 en 1998-1999, pour atteindre le chiffre actuel dix ans après. Le nombre de professeurs de rang magistral s’est accru parallèlement, et le ministère vient d’accréditer la première promotion de professeurs émérites. Le nombre d’étudiants inscrits en graduation atteint 1,1 million environ, dont plus de 600 000 inscrits au premier palier. Les inscrits en post-graduation dépassent 60 000. Ce nombre a triplé par rapport à l’année 1998-1999.
Alger, unique université sous l’occupation française, avec deux annexes, abrite la plus importante université algérienne, avec 100 000 étudiants, suivie de Constantine (80 000), Sétif (67 000), Annaba et Oran (50 000 chacune), Tizi Ouzou (40 000), Tlemcen (33 000) pour ne citer que les plus importantes. Le défi de la « massification » ayant été gagné, un récent rapport souligne que l’amélioration de la qualité de la formation universitaire est désormais un objectif essentiel. Depuis l’indépendance, l’université algérienne aura délivré près de deux millions de diplômes, dont plus de trois quarts depuis 1999.
L’Algérie veut renforcer les formations dispensées dans ses grandes écoles de cadres, d’ingénieurs et de managers accessibles par concours. Elle souhaite ainsi améliorer la visibilité de ses établissements supérieurs dans le monde. Elle veut aussi améliorer sa recherche scientifique – qui se place actuellement en troisième position en Afrique. Le pays, qui compte 17 000 enseignants chercheurs, s’est fixé un objectif de 60 000 chercheurs en 2020 et la mise en place d’une centaine de centres de recherche et dix technopoles, dont le plus important se trouve à Sidi Abdallah, spécialisé dans les énergies renouvelables. La recherche a été dotée d’un budget de 1,2 milliard de dollars pour la période 2008-2013. Divers programmes ont ainsi été lancés pour répondre aux préoccupations du pays dans la santé, les ressources en eau, l’agriculture, les technologies de l’information et de la communication, les énergies renouvelables.