L’Algérie « reste à l’écoute » des Tunisiens, confrontés à une grave crise politique, mais « ne s’ingère pas » dans les affaires internes des États.
L’Algérie « reste à l’écoute » des Tunisiens, confrontés à une grave crise politique, mais « ne s’ingère pas » dans les affaires internes des États, a déclaré, ce mercredi 13 février à TSA, le porte‑parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. « Il s’agit d’une question de politique intérieure tunisienne. L’Algérie ne s’ingère pas dans les affaires intérieures des États. Nous restons, bien entendu, à l’écoute de nos frères tunisiens et de leurs aspirations », a indiqué M. Belani.
C’est la première réaction officielle de l’Algérie sur la crise politique qui secoue depuis plusieurs jours la Tunisie. En l’espace de deux jours, l’ambassadeur d’Algérie à Tunis, Abdelkader Hadjar, a été reçu successivement, à leur demande, par le Premier ministre, Hamadi Djebali, et par le chef du mouvement Ennahdha, Rached El‑-Ghanouchi. Mardi, à l’issue de la rencontre avec M. Djebali, le diplomate algérien a indiqué, dans une brève déclaration à la presse, « qu’il avait été informé par le chef de l’Exécutif provisoire des derniers développements de la situation en Tunisie, ainsi que de l’initiative qu’il avait annoncée auparavant relative à la formation d’un gouvernement de technocrates ».
« Hadjar est dans son rôle »
Ce mercredi, Rached El-Ghanouchi, dont le parti, majoritaire à l’Assemblée constituante, n’est pas favorable à la proposition de M. Djebali, ouvrant ainsi une crise au sein de ce parti, a expliqué à M. Hadjar la position d’Ennahda sur la question. « Il m’a demandé d’informer le gouvernement algérien de la position du mouvement islamique Ennahda à l’égard de la proposition du chef du gouvernement provisoire tunisien relative à la formation d’un gouvernement apolitique », a précisé l’ambassadeur algérien. Pour M. Belani, « notre ambassadeur à Tunis est tout à fait dans son rôle, en s’informant des derniers développements intervenus sur la scène politique tunisienne ».
La Tunisie est en proie à une crise politique en raison des divergences au sein de la troïka au pouvoir (le Congrès pour la République du président Marzouki, Ennahdha d’El-Ghanouchi et Ettakatol de Mustapha Benjaafar, président de l’Assemblée constituante) autour d’un remaniement ministériel qui devrait cibler des ministères de souveraineté, notamment la Justice et les Affaires étrangères. Cette crise a été exacerbée par l’assassinat, il y a une semaine, du leader du Parti des patriotes démocrates unis (PPDU), Chokri Belaid.
Dans l’espoir de désamorcer la crise, M. Djebali a annoncé la formation d’un gouvernement de technocrates, une proposition rejetée par son parti, Ennahda, et le CPR, tandis qu’elle a été accueillie favorablement par les partis de gauche. Cette crise, qui intervient aussi dans un contexte marqué par des tensions sociales liées au chômage, retarde l’achèvement de la rédaction de la Constitution et la tenue de nouvelles élections.
Source : TSA