Le théoricien des Frères musulmans, au service de l’émirat wahhabite de Qatar, lance régulièrement des appels au meurtre sous forme de fatwas, incitant à l’assassinat de prédicateurs, penseurs, ignorants, soldats qui ne soutiennent pas l’opposition en Syrie.
Diplômé d’Al-Azhar, Al-Qaradaoui, appartenant à la mouvance des Frères musulmans, a l’art de la manipulation et la manie d’instrumentaliser la religion dans le but d’entraîner le monde arabo-musulman dans la violence.
Le prédicateur égyptien, Youssef al-Qaradaoui, président de l’Union internationale des savants (ulémas) musulmans, planqué au Qatar, est considéré comme l’un des principaux commanditaires de l’attentat abominable perpétré par un kamikaze dans une mosquée à Damas, qui a fait une cinquantaine de victimes dont le grand savant Mohamed Saïd Ramadhan al-Bouti.
Al-Qaradaoui, suite à une fatwa, proclamait aux groupes armés, peu de temps avant, depuis le plateau de la chaîne satellitaire protagoniste Al-Jazeera, « Uléma, intellectuels, ignorants, soldats ou autres ayant roulé pour le régime Al-Assad sont des cibles pour les jihadistes… » L’attentat a été sévèrement condamné par l’Onu, le Conseil de sécurité et la communauté internationale dont l’Algérie. « L’Algérie condamne avec la plus grande force l’attentat perpétré jeudi, 21 mars, contre la mosquée Al Imane, à Damas, faisant 49 morts dont l’éminent théologien et prédicateur, cheikh Mohamed Saïd al-Bouti », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, soulignant qu’« il s’agit d’un acte criminel consternant et intolérable qui suscite notre plus vive condamnation ». La Russie, la Chine et l’Iran ont été autant d’États à avoir condamné cet attentat qui va peut-être réveiller les consciences sur la véritable nature des hordes armées, sous-traitantes des promoteurs du printemps arabe. Diplômé d’Al-Azhar, Al-Qaradaoui appartenant à la mouvance des Frères musulmans, a l’art de la manipulation et la manie d’instrumentaliser la religion dans le but d’entraîner le monde arabo-musulman dans la violence. Mais à quelles fins ? Il sévissait il y a quelques jours pour légitimer la lutte contre l’État syrien, comme il l’avait fait pour l’Algérie. C’est sa fatwa qui a conduit au lynchage du colonel Mouammar Kadhafi, il avait béni ses assassins. Ses propos sont du venin. Sur les sites internet et les réseaux sociaux, on le qualifie de « sanguinaire » ou de « vampire ». Ayant dévié de son rôle d’homme de religion aspirant à la paix dans le monde, il est l’instigateur par excellence de ce qu’on appelle « le printemps arabe », incitant à la brutalité et la barbarie. « Il faut tuer les tyrans » avait-il lancé en faisant référence au gouvernement syrien. Cette même expression, Al-Qaradaoui, qui avait obtenu une distinction du Congrès américain, comme le confirme son ex-épouse Asma Ben Kada, avait prêché contre le gouvernement algérien durant les années 1994 et 1995, apportant son soutien aux terroristes de l’AIS et du GIA et adoptant une position anti-algérienne. Mais « l’Algérie a vaincu la bête immonde » avait soutenu le défunt Mohamed Saïd Ramadhan al-Bouti, qui vient d’être assassiné. Un sage qui a toujours constitué un rempart contre les sectes wahhabites et leurs relais. Contrairement au protégé du Qatar, Al-Bouti s’est distingué de façon brillante et courageuse en dénonçant le terrorisme. Il a toujours été ferme et radical à l’égard de ce phénomène.
Et sans hésitation, ni aucune réserve, l’intellectuel avait apporté son soutien à l’Algérie et aux Algériens dans la dure épreuve qui leur avait été imposée par les tueurs de bébés et violeurs de femmes. Érudit libre, Al-Bouti était connu pour son immense savoir et son extraordinaire humilité, qui a écrasé les pseudo ouléma.
À l’inverse de ces prétendus compétents de la parole religieuse, Al-Bouti, qui a été inhumé hier, n’avait jamais dissocié le nationalisme et le patriotisme du dogme « al Aquida » islamique. Sa conception du djihad n’était pas celle de ceux qui veulent mettre les pays arabes à feu et à sang, à l’exemple d’Al-Qaradaoui.
L’érudit martyr comme l’appellent désormais les Syriens est parti, mais sa doctrine, sa conception modérée de l’Islam, sa tolérance qu’il sut inculquer à ses étudiants demeurent une école à suivre.
Source : L’Expression