Il arrive parfois que le vocable « aide au développement » refasse surface, ici ou là. En ce début de mois d’août, c’est le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault qui s’en est souvenu. Il vient d’annoncer, ce 2 août, un « recentrage » de l’aide française au développement aux pays les plus pauvres, soit seize États africains. La décision fut prise au cours de la première réunion depuis quatre ans du Comité interministériel de la Coopération internationale et du développement, le CICID.
« Les dons seront concentrés sur un certain nombre de pays qui en ont le plus besoin, les pays prioritaires », a précisé le Premier ministre. Rien de nouveau sous le soleil de l’été 2013 dans la liste alphabétique (sic) proposée : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Comores, Djibouti, Ghana, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Tchad, Togo et Sénégal. Mais, des pays en « sortie de crise » bénéficieront aussi de cette aide. Haïti, l’Afghanistan, le Yémen et … la Palestine. Monsieur Ayrault détient-il des informations que nous n’aurions pas au sujet de la sortie de « crise » de la Palestine ? Cela dit, ne crachons pas dans la soupe, si les Palestiniens peuvent bénéficier d’une aide française des plus hypocrites, qu’ils en profitent ! « Le reste du monde » sera également « servi » grâce à l’Agence française de développement (AFD). L’aide s’appliquera à « toutes les politiques de croissance vertes et solidaires qui se développent tant en Asie qu’en Amérique latine et aux Caraïbes. » Le montant de l’aide s’élèvera à 9,4 milliards d’euros, et répondra à des exigences de « transparence » et de « contrôle d’efficacité » dans le cadre de la mise en œuvre d’IATI – Initiative internationale pour la Transparence internationale – dans les pays prioritaires.
Avec une contribution de 9,35 milliards d’euros en 2011, la France se situait au 4e rang des donateurs de l’OCDE. Après un fléchissement significatif en 2012 (6,9 milliards d’euros), elle retrouve son niveau de 2011. Cependant, malgré une progression significative de son effort de 0,31% en 2001 à 0,46% en 2011, elle ne pourra respecter son engagement de consacrer 0,70% du revenu national brut en 2015. « Les nouvelles ambitions de l’aide française pourront-elles être mises en place sans un budget adéquat ? » demande Sébastien Fourmy d’Oxfam France. » Malgré la mise en place des financements innovants tels que la taxe sur les transactions financières et l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion, les moyens de l’aide française n’augmentent pas et ne sont pas en adéquation avec les objectifs affichés. Surtout, le maintien du système institutionnel actuel, d’une rare complexité, se fait au détriment de la cohérence, de l’efficacité et de la transparence pourtant voulues par le gouvernement. La Cour des comptes en 2012, et l’OCDE le mois dernier, sont les dernières institutions à avoir souligné les défaillances de cette organisation ».
Les parlementaires français que la question de l’aide internationale au développement ne passionne pas vraiment, doivent examiner la première loi d’orientation et de programmation en la matière début 2014. Cela leur laisse encore un peu de temps pour travailler le dossier…