C’est donc un message clair qu’aujourd’hui, l’Afrique du Sud et Jacob Zuma lancent à l’Afrique et au reste du monde, il n’est pas question de se laisser « berner » une deuxième fois en soutenant une quelconque intervention étrangère « humanitaire » en Syrie, visant, en réalité, à renverser le régime de Bachar al-Assad et à écraser la Syrie en tant qu’Etat souverain.
Jacob Zuma avait voté la résolution de l’ONU 1973 adoptée le 12 mars 2011, qui, officiellement, autorisait toutes les armées qui le souhaitaient à participer à une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye, et « à prendre toutes mesures nécessaires, (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne. » En réalité, on s’en souvient, la résolution fut utilisée – et c’était prévisible – comme un blanc-seing donné aux grandes puissances occidentales pour bombarder massivement la Libye et abattre le régime de Khadafi. Jacob Zuma, très critiqué pour son soutien à la résolution à l’époque, eut beau s’en désolidariser par la suite et dénoncer ceux qui l’avaient, en quelque sorte, berné, le mal était fait. Il s’en est sans doute souvenu aujourd’hui, alors que la France et les Etats-Unis menacent d’intervenir en Syrie par des frappes dites « chirurgicales » pour « punir » Bachar al-Assad. « Le rôle des Nations unies en Syrie doit être respecté en tant que seule autorité qui peut intervenir militairement dans un pays », a-t-il déclaré le 2 septembre à la tribune de la 59ème Conférence parlementaire du Commonwealth, à Sandton (Johannesburg). « Je pense que vous vous réunissez au bon moment, alors que nous sommes face à un défi mondial, et que, selon moi, nous ne pouvons nous taire si un autre pays est détruit par les bombes sous nos yeux. »
Le 29 septembre dernier, le président sud-africain avait déjà dénoncé les menaces françaises et américaines, soulignant que toute attaque sans le feu vert de l’ONU serait une violation de la loi internationale. Il rappelait, également, que le Conseil de sécurité de l’ONU ne devrait pas être utilisé pour autoriser des interventions militaires visant à un changement de régime. « Nous encourageons toutes les parties impliquées dans le conflit en Syrie à engager un processus global national de dialogue, hors de toute violence, intimidation ou interférence étrangère visant à un changement de régime », a-t-il déclaré à la presse après avoir rencontré le président de Sao Tome et Principe, Manuel Pinto da Costa, à Pretoria. Le même jour, le ministère des Affaires étrangère et de la Coopération publiait un communiqué dans lequel il se disait « inquiet de cette nouvelle escalade dans le conflit syrien », et condamnait l’utilisation d’armes chimiques. Mais il soulignait aussi que « le gouvernement ne croit pas que bombarder des gens qui souffrent déjà et réduire en poudre les infrastructures syriennes contribuera à une solution durable. Les conséquences d’une telle action sont imprévisibles et ne feront qu’aggraver le conflit. C’est finalement le peuple syrien qui paie le prix, tandis que ceux qui participent à l’intervention militaire se retrouveront sains et saufs, loin du conflit. » C’est donc un message clair qu’aujourd’hui, l’Afrique du Sud et Jacob Zuma lancent à l’Afrique et au reste du monde, il n’est pas question de se laisser « berner » une deuxième fois en soutenant une quelconque intervention étrangère « humanitaire » en Syrie, visant, en réalité, à renverser le régime de Bachar al-Assad et à écraser la Syrie en tant qu’Etat souverain.
CAD
02 septembre 2013