En grève depuis le 12 septembre, les mineurs d’Amplats (Anglo-American) ont été mis dos au mur par les licenciements, 12000 au minimum, décidés par la direction.
Des licenciements tous bénéfices pour les patrons. Classées « grèves sauvages, illégales », les mouvements dans les mines ne rentrent plus dans le cadre de la législation qui protège les travailleurs. Licenciés pour avoir refusé de se présenter aux conseils de discipline organisés par les directions, les mineurs se sont mis dans leur tort, estime la loi sud-africaine. Non seulement les patrons ont le droit de les licencier, mais cela ne leur coûte rien. En outre, s’ils les réembauchent, comme cela avait été le cas à Amplats, déjà, en janvier dernier, pour 17000 mineurs, ceux-ci perdent tous leurs droits liés à l’ancienneté.
L’obstination de la direction d’Amplats à ne pas vouloir répondre aux revendications des mineurs et à user de la manière forte pour résoudre le conflit – ce qui n’est pas joué, loin de là – est un avertissement aux mineurs : la ligne est tracée, ne la franchissez pas ! Les compagnies se sentent d’autant plus fortes dans leur résistance impitoyable aux mineurs, qu’elles se savent soutenues par le gouvernement qui les considère « dans leur droit », et par sa police.
Ce qui n’empêche pas les grèves de se poursuivre dans diverses mines de platine, comme à la Bokoni Platinum Mine qui a annoncé qu’elle allait licencier 2000 mineurs. La Confédération COSATU et son syndicat des mineurs, le NUM, ont beau déclarer qu’ils soutiennent – mieux vaut tard que jamais –les revendications des mineurs, en ajoutant qu’ils « ne soutiennent pas les actions illégales et les violences meurtrières entre mineurs », ils continuent d’être rejetés par la grande majorité.
De son côté, l’ANC a rencontré la Chambre des Mines pour discuter de la situation. Une rencontre a également eu lieu entre l’ANC et ses alliés, le Parti communiste et la COSATU-NUM, pour réaffirmer leur position : pas de grève sauvage, pas de négociations en dehors des syndicats officiels. Ils n’ont donc encore rien compris à la situation alors que le feu prend dans tous les secteurs. Plus de vingt mines sont toujours en grève, tandis que les transports ont lancé un fort mouvement. Les enquêtes pour corruption touchant Jacob Zuma ou son entourage se multiplie, comme le scandale sur la non distribution des livres scolaires avant la rentrée, dans le Limpopo ou l’utilisation de l’argent publique dans des proportions scandaleuses, avec gros soupçons de corruption, également, pour la construction de la « résidence privée » de Jacob Zuma, à Nkandla.
Le pourrissement de la situation en Afrique du Sud a fini par atteindre la sphère économique et des marchés. La devise, le rand, a atteint son plus bas niveau, lundi, les investisseurs étrangers et locaux perdent confiance. Autant de facteurs qui expliquent pourquoi, alors que la campagne pour le candidat président qui doit être élu par le congrès de l’ANC, à Maunteng, en décembre, est désormais ouverte, la Jeunesse de l’ANC, ANCYL, et le comité national exécutif de l’ANC de la province de Gauteng (Johannesburg), les premiers à se réunir, ont choisi de présenter, à l’unanimité, l’actuel vice-président, Kgalema Motlante dont on parle de plus en plus, si les dés ne sont pas pipés à l’avance, comme un adversaire sérieux de Jacob Zuma.