Contrairement à la cérémonie officielle de commémoration de l’assassinat de Chris Hani, il y a vingt ans, qui a vu les représentants de l’ANC (le président Jacob Zuma) et de ses alliés le Parti communiste et la confédération COSATU s’empoigner de façon indigne, la cérémonie organisée par le département des Anciens combattants a rendu un hommage digne et fort à celui qui fut et reste un héro presque aussi populaire que Nelson Mandela.
Chris Hani, membre de l’ANC dès son plus jeune âge, fut chef d’état major d’Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l’ANC, dirigeant du Parti communiste et un modèle pour des millions de jeunes sud-africains. Son assassinat, le 10 avril 1993 par deux membres du parti d’extrême droite, un an avant les élections qui devaient mettre fin au régime d’apartheid, avait choqué l’ensemble de la communauté internationale.
Mbulelo Musi, responsable de la communication au Département des Anciens combattants, lui a rendu l’hommage que tous les Sud-Africains attendaient. Il s’est fait, également, l’interprète de tous ceux qui, nombreux en Afrique du Sud, attendent du gouvernement des réponses sur la présence de soldats sud-africains en Centrafrique et les conditions de la mort de vingt-quatre d’entre eux (chiffres officiels contestés) à Bangui.
« C’était il y a vingt ans, mais le souvenir est aussi fort que si cela s’était passé aujourd’hui. La nouvelle est tombé le matin du 10 avril 1993 : Chris Hani a été assassiné dans sa maison, à Boksburg.
Le Camarade Chris tué ? Cela pouvait-il être vrai ? J’étais abasourdi. Je l’avais vu pour la dernière fois quelques jours auparavant. J’étais submergé par le choc, la colère et la frustration. Mon jeune frère Zandisile Musi, un ancien prisonnier politique de Robben Island, était venu chez ma sœur pour apporter la triste nouvelle qu’il avait entendu à la radio. Il était visiblement dévasté, lui aussi.
L’ANC, le Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP), l’alliance révolutionnaire, la nation et l’humanité progressiste avaient reçu un coup de massue. Hani était l’incarnation de l’esprit de toutes ces forces de changement.
Exilé pendant des années, présent dans les rangs d’Umkhonto weSizwe comme commandant, commissaire puis chef d’état major, il était membre du bureau exécutif de l’ANC et du bureau politique du SACP. C’était un symbole de courage. Un soldat audacieux, en première ligne pendant les attaques de l’Unita angolaise contre nos combattants. Et c’était un internationaliste qui a enseigné à la fois avec les mots et par les actes que la libération de l’Afrique du Sud était inextricablement liée à la libération du continent et du monde.
Son dévouement et son engagement dans le combat pour la liberté, l’égalité, la justice, la paix et la démocratie, sa vision, ses qualités de dirigeant courageux et sa compassion pour les plus pauvres et vulnérables dans notre pays ont motivé de nombreux jeunes à défier la mort pour libérer le peuple d’Afrique du Sud.
Hani a adhéré totalement aux valeurs et aux principes qui ont défini la lutte conduite par l’ANC : unité, discipline, dévouement, altruisme entre autres. Il a enseigné qu’ils étaient sacrosaints. Vingt ans après son assassinat, nous devrions nous poser deux questions fondamentales : Sommes nous à la hauteur de son honorable engagement ? Est-ce que nous continuons de nous inspirer de lui dans notre vie quotidienne ?
S’il était vivant aujourd’hui, il nous aurait rappelé que nous sommes libres grâce aux immenses sacrifices faits par le peuple du continent africain. Cela est vital dans le contexte des inquiétudes sérieuses que nous avons concernant les informations sensibles diffusées par les médias touchant à la sécurité, telles que les mouvements d’unités des Forces de défense sud-africaines (SANDF) pendant les opérations en Centrafrique.
Les SANDF et les organismes de sécurité du pays devrait prendre sérieusement en considération ces informations.
Alors que le pays se penche sur la vie et l’époque de Chris Hani, la meilleure façon de lui rendre hommage serait de faire nôtre son engagement pour la liberté et la démocratie, sa dévotion, son patriotisme et son amour pour l’Afrique du Sud, ainsi que son engagement à construire un pays meilleur, une Afrique meilleur, un monde meilleur. »