Craig Murray est un ancien ambassadeur britannique et un proche de Julien Assange (WikiLeaks). Suite aux accusations portées contre la Russie concernant sa supposée intervention dans les élections américaines qui aurait permis la victoire de Donald Trump, Craig Murray affirme, sur son blog, qu’il n’existe aucune preuve de cette interférence, d’une part, qu’il en connaît l’auteur d’autre part. Ce n’est en aucun cas un Russe, et le piratage en question est une affaire interne américaine, dit-il sur son blog.
Je suis resté incrédule face au mensonge évident de la CIA qui a gonflé au point de devenir une affaire médiatique – évident parce que la CIA n’a rien fait pour présenter des preuves. Il n’y a pas d’implication russe dans les piratages de courriels concernant la corruption de Clinton. Oui, cette bêtise a fait, aujourd’hui, la Une du Washington Post, aux États-Unis, et du Guardian ici, et elle a été le sujet principal du journal de la BBC. Je soupçonne qu’elle fait aussi le premier titre des radios américaines.
Une simple logique détruit les affirmations de la CIA. La CIA déclare qu’elle « connaît les individus » impliqués. Cependant, sous Obama, les États-Unis ont été d’une brutalité absolue dans la persécution des lanceurs d’alerte et dans la poursuite des pirates étrangers en utilisant l’extradition. Nous sommes supposés croire que dans cet exemple le plus critique que l’on puisse imaginer – une puissance étrangère tenterait de déstabiliser une élection américaine – la CIA qui en connaît les auteurs, n’a arrêté ni extradé personne, ni que (si c’est en Russie), plus de restrictions encore n’ont été appliquées aux Russes ? Cela sent très mauvais. Ces affirmations d’une source anonyme prétendant que « nous savons qui c’était, c’était les Russes », sont minables.
Comme Julian Assange l’a expliqué clairement, les fuites ne venaient pas des Russes. Comme je l’ai expliqué un nombre incalculable de fois, il n’y a pas eu de piratage, mais des fuites internes, ce qui fait une grande différence. Et il faut dire encore et encore que si Hillary Clinton n’avait pas comploté avec le Comité national démocratique (DNC) pour organiser la première phase visant à désavantager Bernie, si elle n’avait pas été informée à l’avance des questions du débat en direct contre Bernie, si elle n’avait pas accepté des donations massives de la fondation Clinton et des membres de la famille en échange d’une influence en matière de politique étrangère, si elle n’avait pas échoué à se distancer de certaines personnes très bizarres et troublantes, rien de cela ne serait arrivé.
La capacité permanente des grands médias à affirmer que les fuites ont fait perdre les élections à Clinton, à cause de la Russie, alors que nous ne connaissons pas encore les vérités que ces fuites révèlent, est kafkaïenne.
J’ai reçu un appel téléphonique d’un journaliste du Guardian, cet après-midi. C’est étonnant : pendant trois heures, on a pu lire un article sur la première page qui disait vraiment la vérité sur le matraquage de la CIA :
« Le Kremlin a rejeté les accusations de piratage, tandis que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a déjà dit que les fuites du DNC n’étaient pas liées à la Russie. Un autre responsable cité par le Washington Post a admis que les agences de renseignement n’avaient pas de preuve spécifique que le Kremlin dirigeait « directement » les pirates qui seraient très proches du gouvernement russe.
Craig Murray, l’ancien ambassadeur britannique en Ouzbekistan, proche d’Assange, a qualifié les affirmations de la CIA de « conneries », ajoutant : « Ils sont en train de l’inventer totalement ». « Je sais qui les a fuités », dit Murray. « J’ai rencontré la personne qui les a fuités et il ne s’agit certainement pas de Russes. C’est quelqu’un de l’intérieur. C’est une fuite, pas un piratage. Ce sont deux choses différentes. Si la CIA disait la vérité et que sa déclaration citait des gens connus pour leurs liens avec l’État russe, ils auraient arrêtés quelqu’un sur le sol américain. Arrêter des lanceurs d’alerte n’a jamais fait peur à l’Amérique, et elle ne s’est jamais gênée pour extrader des cyberpirates. Ils ne savent manifestement rien. »
Mais cela n’a duré que trois heures. L’article n’a pas été enlevé mais la Une s’est s’évaporée pour être remplacée par une autre, absurde, qui reprenait les allégations folles contre la Russie et qui, maintenant, affirme – c’est incroyable – que la CIA pense que le FBI a délibérément bloqué l’information sur la collusion russe. Il est possible que cette théorie totalement stupide, selon laquelle Poutine contrôle aujourd’hui le FBI, vise à répondre à mon objection évidente que, si la CIA sait qui est responsable, pourquoi n’a-t-elle pas arrêté quelqu’un.
(…) Au Royaume Uni, un seul article a concentré la totale abnégation de l’ensemble des critères journalistiques. Le véritablement exécrable Jonathan Freedland, du Guardian, écrit : « Peu de sources crédibles doutent que la Russie était derrière le piratage des courriels internes du Parti démocrate, dont la diffusion par Julian Assange fut programmée pour faire le maximum de mal à Hillary Clinton et satisfaire au maximum Trump ». Est-ce qu’il présente la moindre preuve de tout ce qu’il affirme ? Non, aucune. Que veut dire un journaliste par « source crédible » ? Bien, tout journaliste qui estime la crédibilité d’une source examinera d’abord son accès. Ont-ils accès de façon crédible à l’information qu’ils prétendent avoir ?
Aujourd’hui, Julian Assange et moi-même avons déclaré, une fois pour toutes, que le piratage ne vient pas de la Russie. Avons-nous accès à cette information de façon crédible ? Oui, c’est tout à fait évident. Très, très peu de gens peuvent dire avoir accès définitivement à la source de la fuite. Les gens qui disent que ce n’est pas la Russie sont ceux qui y ont accès. Après l’accès, vous prenez en considération l’honnêteté. Est-ce que Julian Assange et moi-même avons une réputation d’honnêteté ? En dix ans pas un des dizaines de milliers de documents diffusés par WikiLeaks n’a pu être mis en question quant à son authenticité. J’ai, moi-même, une réputation de « diseur de vérités gênantes ».
Comparons cela avec les « sources crédibles » de Freeland. Quel accès ont-ils aux lanceurs d’alerte. Aucune. Ils n’ont pas la moindre idée de qui est le lanceur d’alerte. Autrement, ils l’auraient arrêté. Quelle réputation d’honnêteté ont-ils ? C’est le gang Clinton et le gouvernement américain, bon Dieu !
En fait, les sources que tout journaliste sérieux considérerait comme « crédibles », donnent la réponse inverse à celle que Freedland veut. Cependant, dans ce qui se passe dans la tête de Freedland, « crédible » est synonyme à 100% d’ « establishment ». Lorsqu’il parle de « source crédible » il veut dire « sources de l’establishment ». C’est la véracité d’une « fausse information ». Vous ne lirez rien qui ne soit approuvé officiellement par l’élite et leurs dégoutantes putains de sténographes rampantes comme Freedland.
La pire chose est que cela vise à promouvoir un nouveau conflit avec la Russie. Cela met tout le monde en danger pour plus de profits pour les industries de l’armement et de la sécurité, y compris, bien sûr, des budgets plus importants pour la CIA. Et alors qu’heureusement, les quatre années d’agonie d’Alep touchent à leur fin, les forces d’ISIS, armées et entraînées par les Saoudiens et les États-Unis, relancent l’offensive pour reprendre Palmyre. Ce jeu tue des gens, à grande échelle, et ne s’arrête jamais.
(source : https://www.craigmurray.org.uk )
https://www.craigmurray.org.uk/archives/2016/12/cias-absence-conviction/
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