Le Programme international de développement de la Communication – PIDC relevant de l’UNESCO est le seul dispositif multilatéral des Nations-Unies mobilisant la communauté internationale autour du développement des media et de toutes les problématiques de l’information à l’international. De ce fait il constitue un outil important, non seulement pour l’initiation d’actions dans le domaine de la Communication, mais aussi et surtout constituer un forum actif, en fait le seul de ce type, pour des échanges entre les Etats en matière de développement de la Communication et des questions qui se posent à la communauté internationale dans ce contexte.
Ainsi tant les pays du Sud que ceux du Nord, interviennent soumettent et débattent non seulement des projets de développement, puisque le Programme constitue une source de financement non négligeable, mais aussi et surtout de toutes les problématiques rattachées au monde d’aujourd’hui, avec une totale liberté qui fait honneur à ce dispositif de l’UNESCO, dont la Présidente est la journaliste albanaise, établie aux Pays-Bas, Albana Shala et le Vice-président l’écrivain et journaliste algérien Ahmed Benzelikha.
Au titre de ses nombreuses activités, dont ses actions régulières en faveur des journalistes et de la liberté d’expression, le PIDC a récemment organisé, en mars écoulé et au siège de l’UNESCO à Paris, un débat public autour de la question importante des media et la migration.
L’événement a vu la présence de nombreux experts dont MelissaFleming, principale porte-parole du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. Guita Hourani, directrice du Centre de recherche libanais sur l’émigration de l’Université Notre-Dame au Liban. Nevin Yildiz Tahincioglu, de l’Université Hacettepe, Ankara. Jacco van Sterkenburg, professeur adjoint au Département Médias et Communication du Centre Erasmus aux Pays-Bas et Aidan White, du Réseau pour un journalisme éthique.
Le débat a été animé par la Présidente duPIDC la journaliste albanaise Albana Shala, en présence des membres du Bureau, dont le Danois Mogens Blicher Bjerregård, Président de la Fédération européenne des Journalistes.
Les interventions se sont focalisées sur la question du déplacement de populations qui est devenue un sujet important et récurrent pour les media, au regard de l’actualité, en particulier le drame syrien.
Dans ce contexte, selon les différents intervenants, les journalistes non-formés ont du mal à différencier entre les termes « migrants », « chercheurs d’asile » et «réfugiés ». Or les « mots ont leur importance », a fait observer Melissa Fleming. De tels aspects n’ont pas manqué de souligne l’importance de la formation des journalistes sur ce plan.
Une autre conséquence de ce manque de préparation des journalistes, c’est que les médias donnent souvent une image réductrice des réfugiés, qui sont considérés soit comme une menace (dans leur composante masculine) soit comme un groupe de victimes, selon l’universitaire néerlandais Jacco van Sterkenburg. Celui-ci considère que ces deux approches se rejoignent. En effet, dans les deux cas, elles créent des différences entre « nous et les autres », au lieu de traiter des questions humaines qu’ont en commun les résidents et les nouveaux arrivants.
Dans tous les pays, « les médias ont été manipulés par les dirigeants politiques et se sont trop souvent pliés devant leurs déclarations scandaleuses », a ajouté Aidan White en citant notamment Donal Trump.
L’universitaire turque Nevin Yildiz, de l’Université Hacettepe, a proposé d’accorder une attention prioritaire aux femmes réfugiées, pour faire en sorte que d’autres femmes puissent s’exprimer à travers elles, « car la visibilité des femmes est très restreinte ».
Le débat a été, de cette manière, une occasion privilégiée pour diverses voix de se faire entendre sur la crise actuelle des migrants et le rôle des média pour informer de manière sérieuse et humaine sur les répercussions complexes de cette crise dans les sociétés.
Par ailleurs et dans un contexte socioculturel plus large, il a été constaté, au terme des discussions, que les media et l’opinion publique fonctionnent encore en demeurant tributaires de la problématique du Même et de l’Autre, malgré, paradoxalement, la batterie de moyens technologiques modernes mis en branle dans le domaine de l’information.
En concluant les débats, la Présidente du PIDC Albana Shala n’a pas manqué de souligner que le programme qu’elle dirige s’efforce d’appuyer tout projet médiatiques visant à permettre un accès équitable à la connaissance et à l’expression à travers des médias libres et pluralistes.
Elle a enfin appelé, dans ce cadre, les institutions, les particuliers et tout donateur, à apporter leur concours financier et moral, en vue d’appuyer les efforts consentis par ce puissant levier de la Communication internationale, et donc du dialogue, au sein de l’UNESCO.
Légende : « L’Algérien Ahmed Benzelikha, Vice-Président du PIDC UNESCO et le Danois Mogens Blicher Bjerregård Président de la Fédération Européenne des Journalistes membre du Bureau du PIDC UNESCO. »