Le premier ministre Tammam de démissionner, faute de consensus sur le rôle de la résistance dans la rédaction ministérielle.
Incapable de s’entendre sur une formule consensuelle préservant le droit du Liban et des Libanais à résister à l’occupation et aux agressions israéliennes, les membres de la commission de rédaction de la déclaration ministérielle se sont débarrassés de la patate chaude en la refilant au futur Conseil des ministres. Toutefois, il est peu probable qu’une question conflictuelle, qui n’a pu faire l’objet d’un accord entre huit ministres, puisse trouver une fin heureuse sur la table de 23 ministres, flanqués, en plus, du président de la République et du chef du gouvernement.
Le 8 et le 14-Mars se rejettent la responsabilité de l’échec après plus de 50 heures de débats. Mais les milieux du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, laissent entendre que les obstacles viennent surtout du 14-Mars (coalition anti-syrienne, anti Hezbollah et pro-saoudienne), dont «les représentants au sein de la commission ne veulent pas faire de concessions qui seraient mal vues par leurs assises populaires à la veille de la commémoration de la révolution du cèdre».
Le 8-Mars (prosyrien et pro Hezbollah), de son côté, affirme avoir fait d’importantes concessions, notamment en abandonnant la formule armée-peuple-résistance qu’il défendait bec et ongles. Mais la coalition n’est pas disposée à «abandonner ses principes et ses constantes», selon ses milieux. Même le président du Parlement, Nabih Berry, le chef du parti chiite Amal, qui est le plus enclin à arrondir les angles, a affiché une position d’une grande fermeté à cet égard. «Le 8- Mars restera attaché à la clause de la Résistance», a affirmé M. Berry, soulignant au quotidien As Safir que la coalition ne fera aucun compromis sur ce point
Quels scénarios ?
Devant ce blocage, plusieurs scénarios se dessinent. Le délai d’un mois pour la finalisation de la déclaration ministérielle expire le 17 mars, et M. Berry a réaffirmé que faute d’entente, il compte informer le président Michel Sleiman que «le cabinet est considéré comme démissionnaire et que des consultations parlementaires doivent être ouvertes pour nommer un nouveau Premier ministre».
Autre scénario, un vote sur le texte de la déclaration ministérielle lors de la réunion du Conseil des ministres, convoqué par M. Tammam Salam demain jeudi. Mais des sources concordantes jugent peu probable un tel développement, qui aboutira à l’implosion du gouvernement, à cause de la démission des ministres du 8-Mars, du Courant patriotique libre et du PSP.
Les milieux proches de M. Salam cités par le quotidien An Nahar évoquent pour leur part une possible démission du Premier ministre la semaine prochaine, ce qui mélangerait les cartes et plongerait le Liban dans une période d’instabilité politique à la veille de l’élection présidentielle. Dans ce contexte, le quotidien Al Akhbar se demande si «le 14-Mars a abandonné Salam». La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le Premier ministre ne cache pas devant ses proches son ressentiment à l’égard de ses alliés et du président Sleiman, qu’il accuse d’avoir adopté des positions en flèche contre la Résistance, ce qui a compliqué la tâche de la commission de rédaction et empêché tout accord sur une formule consensuelle.
En dépit de ce climat positif, certains continuent de croire qu’une solution est encore possible, comme le ministre du Travail Sejaan Azzi. «Un premier miracle est arrivé lorsque le gouvernement a été formé. Un second miracle peut donc se produire avec la mise au point de la déclaration ministérielle», a déclaré le ministre Kataëb, cité par L’Orient-le Jour. Mais M. Azzi, qui s’exprimait après la fin de la réunion de la commission, hier, a ajouté que «les miracles n’arrivent pas tous les jours».
Légende : Le président français encourage-t-il son homologue libanais à durcir sa position contre la résistance libanaise, dans l’espoir de rempiler pour un second mandat, en violation de la constitution ?