« Honorez vos promesses, car la promesse est une responsabilité. » Cette exhortation du saint Coran, rappelée le 7 novembre dernier par le président tunisien Ben Ali dans son message à la nation, donne la pleine mesure du sens que l’homme d’État donne à la locution « tenir ses engagements ».
Il y a vingt-trois ans, lorsque Ben Ali accédait au pouvoir suprême, il promettait à ses compatriotes une vie politique évoluée et des réformes pour moderniser le pays et le faire entrer dans une nouvelle ère. « Nous avons réalisé, grâce à l’ambition de notre peuple et à son adhésion à nos programmes et à nos orientations, des performances que nous confirment les indicateurs et les classements internationaux ; que ce soit en termes de bonne gouvernance et d’administration de la chose publique ou de développement, de compétitivité économique et de polarisation des investissements extérieurs ou en ce qui concerne la qualité de la vie, l’évolution rapide de l’indice de développement humain et les politiques de consensus social, de solidarité, de promotion de l’enfance, de protection et de prise en charge de personnes à besoins spécifiques », souligne-t-il aujourd’hui. Son bilan témoigne en effet de l’ampleur des défis relevés.
Mais Ben Ali n’est pas homme à s’endormir sur ses lauriers. Après avoir propulsé son pays, sous-développé en 1987, parmi les nations émergentes qui comptent, le président tunisien s’est engagé dans un nouveau combat : inscrire la Tunisie au rang des pays développés. Son programme de gouvernement est tout entier tendu vers cet objectif. Sur le chemin devant y mener, Ben Ali a déroulé le 7 novembre une nouvelle feuille de route. Conformément à sa philosophie privilégiant les approches intégrées et intersectorielles pour réaliser simultanément modernisation politique, croissance économique forte et avancées sociales, la feuille de route du 7 novembre comprend différentes réformes et actions à conduire dans tous les domaines.
Au plan politique où la Tunisie essuie souvent des critiques estimant que le processus de modernisation serait moins rapide que les autres,le président tunisien est décidé à aller de l’avant tout en restant attaché à la démarche par étapes qui a déjà permis la transition sans gros dommages du parti unique au pluralisme politique. Le chef de l’État a ainsi annoncé la création d’un séminaire périodique des partis représentés à la Chambre des députés devant se tenir une fois tous les six mois avec une composition au prorata de la représentation de chaque parti à la Chambre et sous une présidence tournante des secrétaires généraux de ces partis. Une bonne aubaine pour des partis d’opposition accusant un grand retard sur le parti majoritaire, qui disposent désormais d’une bonne tribune supplémentaire pour se faire davantage connaître et aimer, si affinités comme on dit.
Le président entend également renforcer l’Observatoire national des élections avec « des personnalités nationales indépendantes à la compétence et au rayonnement reconnus », l’objectif étant d’accroître son rôle en matière d’observation du déroulement des élections à toutes les étapes du processus. Les rapports de l’Observatoire naguère réservés au chef de l’État seront désormais publiés « afin que tout le monde soit au fait des conditions du déroulement du scrutin ».
Il est également prévu de renforcer les compétences du Conseil supérieur de la communication pour qu’il soit mieux outillé pour garantir la compétition loyale entre les différentes composantes du paysage médiatique et de la communication qui se développe rapidement, au point que beaucoup d’observateurs évoquent désormais une guerre des radios FM en Tunisie. Une minirévolution dans un pays qui ne comptait jusqu’en 2005 que des stations publiques de télévision et de radiodiffusion.
La composition du Conseil supérieur de la communication sera renforcée par la présence de femmes et des partis représentés à la Chambre des députés, ainsi que d’un représentant du Parlement des jeunes.
Outre l’activité d’audimétrie qui sera désormais réglementée pour s’adapter au nouveau paysage audiovisuel pluriel, Ben Ali a demandé d’entamer la réalisation du projet de la télévision numérique terrestre, au cours de la période à venir, en vue de la création de chaînes généralistes et spécialisées, d’une manière progressive.
Dans le domaine des droits de l’homme, le chef de l’État tunisien s’est intéressé à la crise qui oppose les militants de la Ligue tunisienne des droits de l’homme entre eux, appelant les différentes parties en litige « à œuvrer avec sérieux à surmonter la crise de la Ligue tunisienne des droits de l’homme au cours des six prochains mois, dans le cadre d’un accord qui rétablirait la ligue dans son activité habituelle ».
Il est également question d’élaborer un projet de loi portant retrait de la première réserve que la Tunisie avait exprimée au sujet de la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, précisément en ce qui concerne la nationalité, et de retirer la déclaration générale faite à propos de la même convention.
Est également envisagé le maintien de la prise en charge, par le régime de l’assurance maladie, de la couverture des frais de soins du conjoint divorcé pour ce qui est des pathologies lourdes ou chroniques ou le handicap et pour ce qui est des opérations chirurgicales et des prothèses
S’agissant de l’enfance, un large sondage sera réalisé l’an prochain, et servira de référence aux plans et politiques en la matière, a également annoncé le président tunisien qui a chargé le Parlement des jeunes d’examiner, lors de sa session de mars prochain, le projet de déclaration qui sera adoptée par le Congrès mondial de la jeunesse, prévu au cours de l’été 2011 sous l’égide de l’Onu.
L’emploi occupe, comme il fallait s’y attendre, une place de choix sur la feuille de route présidentielle. Au nombre des mécanismes institués en faveur de l’emploi, il est question de porter d'un à deux ans la période de prise en charge, par l’État, de la couverture sanitaire au profit des bénéficiaires du programme exceptionnel pour l’insertion, dans le marché de l’emploi, de 15 000 demandeurs de divers niveaux d’instruction et de formation à compter de la date d’obtention du diplôme.
Seront renforcés, les avantages accordés aux entreprises au titre de l’intégration des postulants à un poste d’emploi et dont la période de chômage a trop duré, à travers la prise en charge, par l’État, pendant une durée de trois ans, des cotisations patronales au régime légal de la sécurité sociale.
Cet avantage sera étendu aux diplômés de l’enseignement supérieur des promotions des deux dernières années.
Des actions seront également menées pour inciter les jeunes à adhérer aux réseaux mondiaux de services civils de volontariat « afin qu’ils puissent parfaire leur formation opérationnelle, améliorer leur employabilité et développer leur aptitude à s’intégrer dans les marchés mondiaux ». La liste des filières concernées par le chèque de formation, sera révisée de manière à offrir aux jeunes de plus larges perspectives de formation dans des spécialités garantissant une employabilité plus élevée. Une « instance nationale d’évaluation, de garantie de la qualité et d’accréditation » sera mise en place dans le secteur de l’enseignement supérieur. La jonction entre la recherche scientifique, les besoins de la société, l’économie nationale et le développement sera assurée. Il sera accordé aux centres de recherche qui se distinguent par leur production scientifique des ressources additionnelles à même de les aider à accroître leur rayonnement international.
Le secteur de la santé n’est pas en reste. Ben Ali a ordonné le démarrage dela mise en œuvre du programme de mise à niveau du secteur de la santé, le renforcement du réseau des grands établissements hospitaliers et l’engagement de la construction du nouveau centre hospitalo-universitaire de Sfax.
Dans sa stratégie de développement intégré de la Tunisie, le chef de l’État entend se focaliser sur le développement harmonieux de toutes les régions du pays et le développement des réseaux d’infrastructures.
Dans cette optique, la deuxième tranche du programme de développement intégré au profit de 35 délégations démarrera bientôt. Tout comme la réalisation du programme de développement urbain intégré au profit de 100 zones, ainsi que la mise en place d’un nouveau plan de développement des zones frontalières, et des régions sahariennes.
Le réseau autoroutier continuera à s’étendre, avec le début annoncé des préparatifs de construction de l’autoroute Oued Zarga-Boussalem, ainsi que l’autoroute Gabès-Médenine et Médenine-Ras Jedir. Il en va de même s’agissant de l’autoroute Enfidha-Kairouan-Sidi Bouzid-Kasserine-Gafsa, et l’élargissement de l’autoroute Hammamet-Enfidha.
Il faudra, également entamer la construction et la rénovation de 1 220 km de routes, en plus de la construction de 760 km de pistes rurales.
Et si, jusque-là, seuls les habitants de Tunis avaient l’opportunité d’emprunter le métro, ceux de la grande cité industrielle de Sfax au sud du pays bénéficieront eux aussi de cette commodité dans un proche avenir, avec le lancement des études relatives au métro de Sfax.
Intégrer la Tunisie dans les autoroutes maritimes et augmenter les parts de marché de la flotte marchande nationale dans le transport des échanges extérieurs de la Tunisie, créer une zone d’activités logistiques à Radès près de Tunis, développer le port actuel de Zarzis et y implanter une zone de services logistiques et industriels, et créer une zone commerciale et industrielle à Ben Guerdane à la lisière sud du pays constituent autant de chantiers nouveaux qui attestent de la détermination du président tunisien à hisser son pays aux niveaux les plus élevés, comme promis à ses compatriotes.