L’avocat Farouk Ksentini estime que les conditions de sécurité ne sont pas réunies dans la capitale algérienne pour s’autoriser un tel rassemblement.
Prenant la parole lors d’une conférence de presse dédiée à la mémoire des victimes des essais nucléaires français à Reggane, dans le Sahara algérien, effectués il y a 51 ans, M° Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) en Algérie, n’y est pas allé par quatre chemins : il s’est prononcé contre l’organisation, par certains partis politiques algériens d’une manifestation à Alger. Il a appelé la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD), à l’origine de cet appel à manifester, à explorer d’autres formes de protestation et de meeting car, dit-il, « Les conditions de sécurité dans la capitale sont autres qu’ailleurs… Et vous savez très bien que l’Etat est responsable constitutionnellement de la sécurité des citoyens. Un attentat à Alger lors d’une marche peut faire des dégâts humains considérables ».
Pour M° Farouk Ksentini, le fléau terroriste a certes été réduit considérablement sans être totalement éradiqué, d’où le devoir de précaution et de prudence. Rappelons que, de toutes les villes algériennes, seule la capitale est soumise à cette interdiction. « Ce n’est pas, dit-il sur un ton ironique,la fin du monde, depuis que j’assiste à la vie politique de ce pays, je n’ai jamais vu une marche apporter de vraies solutions à des problèmes… ». « Les gens qui projettent de faire des marches ont des revendications. Ils peuvent exprimer leurs revendications autrement : par la presse, des réunions, des conférences de presse… On peut s’exprimer pacifiquement et utilement », a-t-il poursuivi.
Pour M° Ksentini, les raisons à l’origine de l’interdiction de la marche du 12 février prochain initiée par la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD) sont purement sécuritaires et ne sont nullement attentatoire aux libertés publiques…
La préfecture d'Alger a confirmé le 6 février l'octroi de l'autorisation à la marche du samedi 12 février, à laquelle avait appelé la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD), selon un communiqué de la préfecture. "En application des textes réglementaires en vigueur, un refus a été notifié aux auteurs de cette demande", explique le communiqué de la préfecture qui propose à la CNCD "l'une des différentes salles de la capitale, y compris la coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf d'une capacité de 10 000 places".
"On s'attendait à cette réponse, mais il n'est pas question de reculer, nous allons marcher samedi prochain et au pouvoir de prendre ses responsabilités, a averti Me Mostefa Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, dans une déclaration à l'Associated Press. La Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD), née dans la foulée des émeutes du mois de janvier, est composée de syndicats autonomes, d'organisations de jeunes chômeurs, de partis politiques d'opposition et de "facebookistes". Elle a appelé à une marche à Alger pour revendiquer "l'abolition de l'état d'urgence", en vigueur en Algérie depuis février 1992, et "le changement du système politique".
Jeudi lors d'un Conseil des ministres, le président Abdelaziz Bouteflika avait promis la levée de l'état d'urgence "dans les prochains jours", excluant cependant la capitale de cette mesure pour des considérations liées à la lutte anti-terroriste.
(Source : agences de presse AP et AFP)