La Turquie s’était montrée réticente à l’engagement de l’Otan en Libye. Aujourd’hui, elle demande au « Guide » Mouammar Kadhafi de quitter le pouvoir face à l’ampleur des opérations militaires.
La Turquie, qui s’est toujours opposée au bombardement de la Libye et préconisé une sortie politique du conflit, exhorte désormais le leader libyen, par la bouche de son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, de quitter immédiatement le pouvoir pour permettre l’engagement de négociations entre les deux parties. La Turquie avait déjà demandé au leader libyen, au début de la crise, de quitter le pouvoir, mais en des termes plus diplomatiques. Cette fois-ci, la demande est très explicite.
Ce développement intervient au moment où les pays membres de l’Otan semblent déterminés, en dehors de la légalité internationale, à renverser le pouvoir libyen, y compris par la liquidation physique. L’assassinat de son fils, Saif al Arab, et trois des petits fils en bas âge, samedi 30 avril, en est la preuve.
« Nous souhaitons, a-t-il dit lors d’une conférence de presse, que le leader libyen quitte la Libye et cède le pouvoir immédiatement, pour lui et l'avenir de son pays, afin de ne pas provoquer davantage d'effusion de sang, de larmes et de destruction. » « Nos initiatives n'ont malheureusement pas été prises en compte par l'administration de Tripoli. […] Kadhafi, au lieu d'écouter nos conseils en faveur d'un arrêt de l'effusion de sang, a choisi l'oppression, la souffrance et les attaques contre son propre peuple », a soutenu le chef du gouvernement turc.
La Turquie, seul pays musulman membre de l'OTAN, s'est montrée réticente face à une intervention militaire de l'alliance atlantique en Libye, mais a finalement décidé de s'y joindre en engageant des forces navales en mer Méditerranée, mais uniquement pour des raisons humanitaires et dans le seul but de peser sur le déroulement des opérations militaires décidées par l’Otan.
La déclaration du premier ministre est faite deux jours avant que les membres du groupe de contact ne se réunissent une fois de plus pour discuter de la direction des opérations en cours en Libye. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, participera à cette rencontre, qui aura lieu à Rome, en Italie.
La Turquie a d'importants investissements en Libye dans le domaine des travaux publics et des infrastructures.