Le Coran n’interdit pas explicitement la représentation des prophètes
Le Maroc a bloqué la distribution de l'hebdomadaire français L'Express qui a publié, dans un numéro spécial un dossier sur le monde arabe comportant notamment une reproduction du visage du prophète Mohammed, proscrite par la tradition musulmane.
Le ministre marocain de la communication Khalid Naciri a déclaré que "nous avons toujours été fermes sur cette question, très sensible pour notre opinion publique". "Cela n'est pas nouveau", a-t-il ajouté, rapporté par la presse.
C'est la deuxième fois que L'Express est interdit de distribution au Maroc et pour les mêmes raisons. Il avait déjà été interdit pour avoir reproduit le visage du prophète dans le dossier "Le choc Jésus-Mahomet, leur itinéraire, leur message, leur vision du monde".
Le magazine a protesté contre cette interdiction via son directeur, Christophe Barbier, sur le site Internet du journal. "L'Express proteste avec vigueur contre cette censure, et s'inquiète de voir le Maroc, alors que le monde arabe connaît une salutaire poussée démocratique, porter une telle atteinte à la liberté de la presse", rapporte la presse.
Rappelons que cette interdiction a été prise en vertu de l'article 29 du Code marocain de la presse qui permet au ministre de la Communication d'interdire des publications étrangères "lorsqu'elles portent atteinte à la religion islamique".
Mais l’islam n’est pas la seule religion monothéiste à interdire la représentation de Dieu ou de ses prophètes, ou même l’homme.
« Dans la Bible, lit-on dans dans l’encyclopédie libre en ligne Wikipédia, l'épisode du veau d’or montre un Moïse en colère contre cette représentation du divin. À sa suite, des rois d'Israël comme Ezéchias et Josias font détruire les icônes des synagogues. Certains courants rabbiniques en font autant au fil des siècles. Ils auraient influé sur les débuts de l’islam et la tradition sunnite rapporte qu'après la conquête de La Mecque, Mahomet aurait fait détruire toutes les images qui se trouvaient dans la Ka’aba.
De là se serait progressivement installée dans l'islam une interdiction de représenter le vivant et tout particulièrement Mahomet par crainte que ces figures ne servent de support à des idolâtres. Le sunnisme interdit en particulier la représentation des « choses et personnes saintes ». Cette tradition est rejetée comme non-coranique, ou très amoindrie, par d'autres branches minoritaires de l'islam comme le chiisme iranien.
(…) De nombreuses représentations de Mahomet figurent dans l'art islamique traditionnel. Des miniatures persanes et des tapis représentent Mahomet dans différents épisodes de la mémoire collective4,5. Parfois l'artiste fait un compromis en masquant son visage par un voile. Dans les traditions occidentales, des représentations de Mahomet sous les traits d'un marchand ont été réalisées.?Il existe par ailleurs plusieurs adaptations modernes du Coran en bande dessinée qui ont été publiées sans protestations particulières bien qu'elles ne soient pas diffusées dans certains pays de la péninsule d'Arabie.
Depuis le XIXe siècle, la diffusion des images du vivant s'est généralisée, par la photographie d'abord, puis par la télévision et l'internet, technologies que les musulmans ont adoptés dans tous les domaines de la vie — politique, sciences, éducation, arts — et qui sont devenues indispensables au fonctionnement de sociétés modernes. Le sursaut d'indignation soulevé par les caricatures vient donc probablement du fait que celles-ci font l'amalgame entre islam et terrorisme, et non du simple fait que la représentation de Mahomet soit interdite chez certaines communautés musulmanes.