« Alger est intransigeante lorsqu’il est question de lui imposer de nouvelles clauses dans le cadre de la révision de l’accord de 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et leurs familles. »
Brève mais néanmoins importante pour le futur des relations algéro-françaises. Telle aura été la visite du ministre français de l'Intérieur Claude Guéant, hier à Alger. Le ton avait été donné dès la descente d’avion : «Tous les sujets» intéressant les ministères de l'Intérieur des deux pays étaient au menu des entretiens, a-t-on annoncé. L’essentiel étant de ne pas rompre définitivement les canaux du dialogue. Car qu’il existe des sujets aux approches et aux solutions divergentes, cela est tout à fait normal. Et pour cause, chacun est avant tout soucieux de préserver ses intérêts et ceux de ses ressortissants. Mais il n’en reste pas moins vrai que ce souci, fondamental concédons-le, ne devrait pas empêcher que tous les sujets, sans exclusive, soient évoqués dans un cadre bilatéral de négociations. Et si l’on se fie aux déclarations faites par Dahou Ould Kablia et Claude Guéant lors de leur conférence de presse conjointe, force est de croire que les relations algéro-françaises vont entrer dans une phase de dégel. Paris, qui évoque par la voix de son ministre de l’Intérieur la nécessaire «compréhension» pour faire avancer les dossiers — émigration, libre circulation et visas, sécurité —, sait qu’il ne sert à rien de vouloir imposer un point de vue qui ne tiendra compte que de ses seuls intérêts. Et qu’a fortiori, une telle attitude ne fera que renvoyer aux calendes grecques leur règlement, alors qu’aujourd’hui ils sont à traiter sous le sceau de l’urgence. Une urgence accentuée par les prochaines échéances électorales françaises. En réalité, une telle façon de gérer les relations bilatérales serait d’autant plus inappropriée que la France ne veut nullement renoncer au partenariat d’exception qui la lie à l’Algérie. Dès lors, Alger qui peut comprendre, voire se montrer sensible aux arguments développés par la partie française — qui à titre d’exemple compte revoir sa politique d’immigration en réduisant «les flux migratoires, de 10% dans un premier temps» — ne peut toutefois que se montrer intransigeante lorsqu’il est question de lui imposer de nouvelles clauses dans le cadre de la révision de l’accord de 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et leurs familles. Mais ce qui est à retenir, c’est qu’après près de deux années difficiles, on retrouve de part et d’autre de la Méditerranée, cette nette volonté de relancer la relation bilatérale. Reste qu’il est certain que la visite de Claude Guéant à Alger et celle qu’effectuera Mourad Medelci à Paris ce 7 décembre,où il sera l’invité de l’Assemblée, ne manqueront pas de contribuer au réchauffement et à donner à cette relance l’élan nécessaire tel que souhaité par les deux Chefs d’Etat.?
Nadia Kerraz