L’appel de l’Unesco en faveur des sites classés au patrimoine mondial n’a pas été entendu.
Comme en Irak en 2003, ou au Caire lors du « printemps arabe », les pilleurs d’art archéologique sont à l’œuvre. L’appel du 23 mars de l’Unesco aux parties en conflit d’épargner les sites classés au patrimoine mondial de l’humanité n’a pas, on s’en doutait, été entendu. Les richesses libyennes conservées dans des musées plus ou moins bien entretenus et sécurisés, n’ont pu résister aux prédateurs internationaux, ni aux actes de destruction sauvage ou aux bombardements. Selon Nikolaï Sologubovsky, spécialiste russe en archéologie libyenne, le musée de Tripoli a été pillé et « les antiquités ont été transportées par bateau en Europe ». Les peintures rupestres des montagnes d’Acacus qui datent de plus de 14 000 ans ont été détruites par des pilleurs qui les prélèvent grâce à un processus d’impression chimique. Nikolaï Sologubovsky a également accusé l’OTAN d’avoir bombardé les sites de Leptis Magna et de Sabrathasous prétexte que les forces de Kadhafi y cachaient des armes. Leptis Magna est l’une des plus belles villes de l’Empire romain, tandis que Sabratha était un comptoir commercial phénicien. Avec Oea elles formaient ce que l’on appelait la « Tripolitaine ». Ces trois sites figurent au patrimoine de l’Unesco. Pour Nikolaï Sologubovsky, l’appel de l’Unesco vient trop tard et n’est pas assez fort. « Le pillage de l’héritage archéologique de la Libye a commencé dès février. Je crains que les antiquités lybienne subissent le même sort que celles d’Irak qui ont été pillées par l’armée américaine victorieuse. »