Avant la guerre en Libye, les grandes écoles britanniques rivalisaient pour obtenir les faveurs du « Guide ».
En mars dernier, des accords entre la Libye et des universités britanniques faisaient la « une » de la presse. Ainsi, entre autres, on apprenait que la célèbre université britannique King’s College, avait créé un partenariat avec le gouvernement libyen pour l’aider à réformer son système carcéral. Le projet avait été, disait-on, financé par les deux gouvernements. Cependant, selon le rapport de deux membres du Centre d’études pénitentiaires de l’université, c’est la Fondation Kadhafi, dirigée par son fils Saif al-Islam, qui a « créé les liens essentiels qui ont fait du projet une réalité. » Les représentants du Centre auraient visité les prisons libyennes – à l’exception d’Abou Salim et Aïn Zara où étaient détenus les prisonniers politiques – et noté « une nette amélioration générale. » Selon le King’s College, les contacts avec la Libye avaient été soutenus par le Foreign Office (ministère des Affaires étrangères).
La publication de cette information avait fait scandale. Mais le King’s College n’était pas la seule université à bénéficier des largesses de la famille Kadhafi. Une semaine plus tôt, le directeur de l’université de la London School of Economics avait démissionné à la suite de révélations sur des liens économiques entre la LSE et la Libye. Il s’agissait du financement à hauteur de 2,5 millions d’euros par la Libye d’un programme de formation, par cette université, de fils de dignitaires destinés à devenir l’élite du pays. Saïf al-Islam Kadhafi y avait reçu sont diplôme, très contesté, en 2008 et Mouammar Kadhafi y avait fait un discours en décembre 2010. Selon le député conservateur Robert Halfon dont le grand-père a fui la Libye en 1968 à la suite de pogroms contre les juifs libyens, ces liens entre les universités britanniques et la Libye « ont été facilités par le gouvernement précédent ». Il demandait une enquête indépendante sur les liens entre le parti travailliste et la Libye.
En 2008, un rapport du Centre pour la Cohésion sociale, un centre britannique de recherche, intitulé « Un degré d’influence », montrait comment certains pays du Moyen-Orient et la Chine étaient capables d’influencer les universités britanniques en tant que donateurs. Il montrait, par exemple, comment les importantes donations du Prince Alwaleed bin Talal d’Arabie saoudite et d’autres dirigeants arabes influençaient le contenu de l’étude de ces pays et contraignaient les universités à fermer les yeux sur les agissements des étudiants intégristes islamistes sur le campus.