La partie immergée du CNT
Le chef de guerre a parlé. Bernard-Henri Levy, ce Français, philosophe à ses heures et mercenaire à d'autres, a avoué, hier, à l'AFP que le «soulèvement» en cours à Tripoli a été «minutieusement préparé» depuis des mois. Selon ses propos, il y aurait deux CNT en Libye et pas seulement celui de Benghazi. Un autre CNT aurait été créé à Tripoli car et toujours selon BHL, «il y a aussi la partie immergée du CNT, les représentants des villes de Zawiyah, Zliten et Tripoli, en contact difficile mais permanent avec leurs collègues de Benghazi». Visiblement, ses instructions aux insurgés sont claires. Elles se retrouvent sous forme de confessions faites par le «philosophe» à l'agence de presse française. «Les Libyens vont libérer leur pays et leur capitale sous la double pression des fronts militaires – qui progressent dans le djebel Nefoussa (sud), à l'ouest et à l'est – et de l'insurrection des citoyens. L'étau est en train de se refermer et on assistera dans un bref délai à la fin du régime de Kadhafi», a-t-il précisé hier. On sait aussi que la phase que voudrait BHL comme décisive porte le nom de «Opération sirène» et prévoit la fin de Kadhafi comme celle de l'Ivoirien Gbagbo. Un véritable mercenaire que ce BHL qui a effectué cinq visites de ces troupes en Libye depuis le début du conflit en février dernier. Il nous rappelle le tristement célèbre Bob Denard qui, dans les années 1970, était chargé par l'Etat français à faire des coups d'Etat un peu partout en Afrique. A la différence que Bob Denard n'était pas couvert officiellement par l'Etat français alors que BHL bénéficie de gardes du corps et ses résidences placées sous haute protection par l'Elysée aux frais du contribuable français. Le scénario ivoirien a l'air de vouloir être réédité en Libye par la France. Au-delà de la personne de Kadhafi, c'est le contrôle d'une grande partie du monde arabe et en particulier toute la région du Maghreb qui intéresse la France et les «amis» de BHL. Tout le monde sait que BHL s'en est allé en juin dernier en Israël pour faire le point de la situation à Benjamin Nethanyahu. Toujours à l'AFP, il assure que «le futur régime [libyen] entretiendrait des relations normales avec les autres pays démocratiques, y compris Israël». Ce que le ministre de l'Agriculture israélien n'avait pu obtenir lors de sa tournée l'an passé dans les pays du Sahel en leur proposant l'envoi de spécialistes israéliens pour développer leurs agricultures, BHL veut l'avoir par la force: imposer la présence israélienne. BHL et ses «amis» comptent bien ajouter à leurs trophées le Yémen et la Syrie. Ainsi et avec le concours des troupes françaises (comme au bon vieux temps de Suez) que Sarkozy met volontiers dans la «cagnotte» pourvu qu'il obtienne en retour la bénédiction du lobby juif français pour sa réélection à l'Elysée en 2012, Israël veut s'assurer le contrôle de toute la région arabo-africaine se trouvant sur son flanc Ouest. Sarkozy a toutes les chances d'avoir les faveurs de ce lobby qui a perdu tout espoir de voir son «poulain» DSK se présenter en 2012. C'est pourquoi le président français ne lésine pas sur les moyens en cette période de crise économique grave pour la France et fait même du zèle pour contenter le lobby juif également désigné par «les amis du Fouquet's». Ceci pour dire que l'heure est grave pour toute la région. Nous devons resserrer nos rangs comme nous savons le faire dans les moments difficiles qui n'ont pas été rares dans notre histoire. Et dont nous avons toujours fini par en sortir victorieux. L' «opération sirène» baptisée par BHL va se transformer en «opération mirage». La France risque d'y perdre ses dernières illusions de rester une puissance militaire.