La Tunisie à l’heure des convulsions révolutionnaires
Les élections pour la Constituante se tiendront bien à la date prévue, c'est-à-dire le 23 octobre 2011. Aussitôt, la mission du gouvernement transitoire prendra fin. Le Premier ministre, M. Béji Caïd Essesbsi en a pris l’engagement une fois de plus lors d’une allocution au peuple tunisien et l’a réitéré à plusieurs reprises dans sa déclaration, comme pour infirmer toutes les rumeurs qui avaient servi de justification aux mouvements de protestations dont plusieurs régions du pays ont été le théâtre ces derniers jours. Ces mouvements qui se sont déroulés dans une synchronisation parfaite visent, en fait, selon lui à saboter les élections, ajoutant que certains partis s’y emploient en sabotant la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et en pratiquant le double langage.??Au passage, il a rendu hommage « aux forces de sécurité qui ont défendu la légalité républicaine même au mépris de leur vie ». Il a appelé à un sursaut du peuple pour défendre les acquis de la révolution « comme il l’a fait au lendemain 14 janvier » et convié les partis à jouer le rôle qui doit être le leur dans la sensibilisation de leurs adhérents à leurs droits, mais aussi à leurs devoirs envers la patrie. A ce propos, il a critiqué vivement, l’attitude de certains responsables politiques « qui ont attisé la discorde, allant jusqu’à prendre part aux sit in dans les mosquées ». Il a également mis en garde les Tunisiens contre tous les extrêmismes qu’ils soient de droite ou de gauche. Il a également critiqué « les dérives » de certains médias « y compris les organes d’Etat dont certains journalistes n’ont pas hésité sur antenne à lancer des appels à la violence. »
Quant à l’UGTT, la principale et unique centrale syndicale tunisienne, jadis alliée et partenaire de l’ancien régime avant de lui fausser le pas, elle a entamé depuis lundi 18 juillet sa commission administrative sous la présidence de son secrétaire général Abdessalem Jrad deux jours de consultations et de débats pour arrêter sa position quant aux élections de l’Assemblée Constituante, prévue le 23 octobre prochain. Quatre grandes options ont été évoquées :
- se présenter sur des listes indépendantes
- adhérer à un front aussi large que possible
- laisser à tout un chacun la liberté de se porter sur la liste de son choix sans pour autant engager l'Ugtt,
- ne rien faire du tout puisque la constituante serait sans grand intérêt pour le monde du travail.
Ouvrant les travaux, M. Jrad a relevé une forte affluence de nouveaux adhérents (+35%) et l’intensification des activités de la centrale syndicale. Abordant la situation dans le pays, il a déclaré qu’il est intolérable de voir certains se livrer à des pratiques sectaires, appelant à mettre l'intérêt du pays au dessus de ceux des partis. Pour l’UGTT, les défis qui urgent sont ceux du chômage et de la lutte contre le déséquilibre régional. Aussi, il est impératif de garantir le déroulement des prochaines élections dans les meilleures conditions possibles.
C’est ainsi qu’il a lancé un appel pressant à tous les partis, organisations et associations ainsi qu’à l’ensemble des Tunisiens afin de s’opposer à la violence, aux actes incendiaires et aux confrontations tout en garantissant à chacun le droit de manifester mais sans toutes-fois porter atteinte ou préjudice à autrui. Le secrétaire général de l’UGTT a par ailleurs appelé le gouvernement et les entreprises à appliquer les accords conclus et éviter les sit-in des ouvriers et exhorté les électeurs à s’inscrire sur les listes électorales.
A noter que l’UGTT s’apprête à tenir son congrès national dans un contexte exceptionnel, en décembre prochain. Deux régions se sont portées candidates pour l’accueillir : Tozeur et Tabarka.
Les travaux doivent se poursuivre mardi, pour se prononcer sur toutes ces questions.
Cette agitation politique intervient au moment où la Tunisie traverse une période de turbulence et d’incertitude sur fond d’insécurité.
Ainsi, un enfant de 14 ans est décédé et deux autres personnes ont été blessées à la suite d'actes de violence survenus à Sidi Bouzid dans la nuit du dimanche à lundi. Selon le chef du secteur de la garde nationale à Sidi Bouzid, Samir Meliti, « une balle a ricoché et atteint l'enfant lors des accrochages avec les manifestants après l'échec des tentatives de leur dispersion pacifique ». Dimanche, vers 22h, des manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov en direction des forces de sécurité et de l'armée et ont bloqué la route en brûlant des pneus. Les forces de l'armée nationale ont tiré en l'air.??Neufs personnes on été interpellées jusqu'à présent, dont quatre sur le lieu des accrochages et cinq lors des patrouilles.?Les actes de violence et les affrontements se sont poursuivis jusqu'à 3h du matin. Des renforts ont été dépêchés sur les lieux des affrontements et un hélicoptère a survolé la ville.?Des actes de pillage et de destruction ont été enregistrés dont le vol de motocycles du dépôt municipal et la destruction de voitures et de documents administratifs, ainsi que le cambriolage de 6 voitures du siège du commissariat régional du développement agricole. La situation sécuritaire a connu, par contre, une nette amélioration, lundi 18 juillet, à Sidi Bouzid mais des signes de tension sont signalés à Regueb.
Source: leaders.com