Des ONG s’insurgent contre le déroulement de la campagne et les résultats du réferendum
Des ONG marocaines, oeuvrant pour les droits de l'homme et la démocratie, viennent de publier chacune d'entre elle un rapport. Elles y déplorent les violences commises à l'encontre de certains opposants au référendum et contestent la neutralité du scrutin ainsi que le taux de participation et les résultats.
Dès le lancement de la campagne référendaire, le Collectif Associatif pour l’Observation des Elections (CAOE) ainsi que l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) et l’Observatoire Marocain des Droits de l’Homme (OMDH) ont dépêché leurs équipes sur le terrain aussi bien au niveau de la campagne référendaire que du scrutin.
Une campagne référendaire inégale et répressive
Le tapage en faveur du « Oui » et les tensions qui ont marqué la campagne ne sont un secret pour personne. Le temps de parole accordé aux défenseurs du « Oui » et du boycott dans les médias durant la campagne référendaire est « inégal ». Les partis et syndicats appelant à voter « Oui » ont été privilégiés au détriment de ceux qui ont appelé au boycott, fait remarquer l'AMDH dans son rapport annuel datant du 12 juillet.
Le Collectif dénonce également « l’appui manifeste des autorités publiques sensées garder une neutralité » à travers notamment l’usage de moyens publics matériels pour appeler à voter «Oui» ainsi que l'affichage de tracts, appelant à voter favorablement, « hors des lieux réglementaires » (mosquées, taxis, bus, cafés, etc.), dans son document publié le 5 juillet.
Le CAOE déplore la violence, la diffamation et les insultes dont ont été victimes les militants appelant au boycott. Des violences à l'encontre de responsables de partis politiques soutenant le boycott dans plusieurs villes ont par ailleurs été rapportées par l’Observatoire Marocain des Droits de l’Homme, dans son document publié le 9 juillet dernier. Le Collectif souligne qu'elles ont été perpétrées par des éléments « rémunérés ». Ce dernier rappelle également l’arrestation de 12 personnes à Fès alors qu’elles distribuaient des tracts en faveur du boycott.
Des manifestants opposés au référendum auraient d'autre part visé, à Laâyoune, les forces de l’ordre avec des projectiles, la veille du référendum, selon l'OMDH. Des affrontements entre Pros et Antis ont également été enregistrés à Rabat, Salé, Kénitra, Fés, Tanger et Casablanca.
Taux de participation et résultats contestés
Si aucune violence physique n'a été déplorée le jour du référendum par les trois ONG, l’AMDH a condamné fermement « le chantage » et l’intimidation des citoyens par plusieurs méthodes différentes comme l'ingérence des moqadems dans le déroulement du scrutin et la présence manifeste d'agents de police dans certains bureaux de vote.
La campagne pour le « Oui » s'est poursuivie le jour du scrutin. L’affichage de tracts en faveur du référendum, même à l’entrée de certains bureaux de vote, ainsi que sur les taxis et bus a été observée par le Collectif, contrairement à l’OMDH qui assure que la campagne s’est close la veille à minuit.
Plusieurs irrégularités en matière de vérification de l’identité des électeurs ont été constatées par le CAOE : accès au scrutin sans carte d’électeurs ni carte d’identité ainsi que le vote de citoyens pour toute leur famille. Les équipes du Collectif ont également observé que les « enveloppes contenant les décomptes n’ont pas été scellées». Pour l’AMDH, cela ne fait aucun doute, les procès-verbaux ont été « falsifiés » et le résultat du scrutin «modifié».
Le Collectif Associatif pour l’Observation des Elections dénonce enfin « l’impunité des auteurs des délits électoraux et des délits de violences et de menaces à l’encontre de citoyens pour infléchir leur choix de vote ». Autre reproche exprimé par l'AMDH : « l’élargissement de l’écart entre le discours officiel sur les droits humains […] et la pratique réelle des appareils de l’État. » L’association revendique l’ouverture « d’une enquête judiciaire intègre et impartiale sur les violations » qu’a connues le processus référendaire depuis l’annonce du nouveau texte par le Roi le 17 juin dernier.
Source : Yabiladi.com