L’émission par le procureur de la CPI de mandats d’arrêt à l’encontre du colonel Kadhafi, son fils et son chef des renseignements provoque la colère.
En lançant, le lundi 27 juin, un mandat d’arrêt à l’encontre du leader libyen Mouammar Kadhafi, pour prétendus « crimes contre l'humanité » commis depuis le15 février, sans enquête préalable, la Cour pénale internationale a fait preuve d’une soumission aveugle à la politique néocoloniale mise en œuvre par l’Otan et ses supplétifs du Golfe. La Libye avait pourtant appelé l’Onu à venir enquêter sur place, mais en a été empêchée par les pays occidentaux. Ce mandat émis contre Kadhafi, son fils Seif al-Islam et le chef des services du renseignement, Abdallah al-Senoussi, discrédite encore plus cette cour dont la vocation initiale était de défendre les plus faibles contre les plus puissants, avant de se transformer en une arme dirigée exclusivement contre les pays considérés comme « parias » par les puissances occidentales.
Le procureur Luis Moreno-Ocampo avait demandé mi-mai aux juges des mandats d'arrêt contre les trois hommes. Il les accuse d'être responsables de persécutions et de meurtres commis par les forces de sécurité sur la population civile depuis l'éclatement de la révolte, mi-février, notamment à Tripoli, Benghazi et Misrata. Saisi par le Conseil de sécurité des Nations unies le 26 février, le procureur de la CPI avait ouvert son enquête le 3 mars. Mais sans mettre les pieds sur le sol libyen. Comme c’était le cas dans le Darfour.
La Cour a aveuglément suivi le réquisitoire du procureur Luis Moreno-Ocampo. Elle considère « qu'il existe des motifs raisonnables de croire que, à la suite des événements en Tunisie et en Egypte dans les premiers mois de l'année 2011, une politique d'Etat aurait été élaborée à l'échelon le plus élevé de l'appareil d'Etat libyen afin de prévenir et d'écraser, par tous les moyens, y compris l'usage de la force mortelle, les manifestations de civils ».
Reprenant à son compte les informations de la presse, invérifiables, souvent utilisées par les services occidentaux et les opposants libyens pour discréditer le régime de Tripoli, la Cour a foulé aux pieds les règles les plus élémentaires d’une enquête crédible fondée sur des témoignages, auditions et investigations sur place.
La révolte en Libye aurait fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI. Elle a également entraîné la fuite à l'étranger de près de six cent cinquante mille Libyens et le déplacement à l'intérieur du pays de deux cent quarante-trois mille autres, selon l'ONU. Mais le justicier de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, ne souffle mot de la responsabilité de l’Otan dans le blocus aérien imposé à la population libyenne, ni de l’assassinat de civils libyens, dont des enfants, ni surtout de la violation manifeste de la résolution 1973 par les pays occidentaux qui ne cachent plus désormais que leur objectif n’est plus la protection des civils, mais le renversement et la liquidation physique de Kadhafi et des membres de sa famille.
Ces mandats ubuesques ont été émis quelques heures après l’appel lancé par l’Union africaine pour une solution négociée du conflit. Parlant au nom de l'Afrique, le président sud-africain Jacob Zuma a haussé le ton face à l'OTAN, soulignant qu'elle n'avait pas été mandatée par l'ONU pour conduire « l'assassinat politique » de Mouammar Kadhafi. Il a souligné la « préoccupation » du panel pour la Libye et de l’ensemble des Etats-membres de l'Union africaine devant les « bombardements continus de l'OTAN », ajoutant que « la finalité de la résolution 1973 était de protéger le peuple libyen et faciliter les efforts humanitaires ».
Commentant ces mandats, un internaute écrit : « L’émission de ce mandat d’arrêt est totalement scandaleuse ! Cela montre que la CPI n'est plus indépendante et qu'il s’agit (comme d'autres) dorénavant d'un outil dans les mains des géants à utiliser quand bon leur semble et sans aucune logique. Aussi terrible soit-il, Khadafi n'a pas tué autant que l'Otan depuis le début de ses opérations. Ni un millième de ce que Bush a tué en Irak et les exemples sont nombreux, hélas ! »