Un article du journal « L’Expression » sur la visite d’Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, en visite à Alger le 14 juin.
Le ministre d´Etat, ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, sera dans notre pays demain soir. Il aura ainsi la nuit pour procéder aux dernières «mises à jour» des dossiers avec ses services diplomatiques. Si on exclut le volet économique que la mission Raffarin a largement eu le temps d´explorer et d´exploiter ce qui était exploitable, il ne reste que le volet politique susceptible de justifier la visite de Juppé. Un volet qui est, à lui seul, plutôt chargé. Difficile aussi d´opérer un ordre chronologique des dossiers qui le composent tant ils sont tous brûlants. La situation qui prévaut dans certains pays arabes, notamment en Libye, en Syrie et au Yémen, sans oublier bien sûr nos voisins les Tunisiens, et un peu plus loin les Egyptiens. Il sera aussi question, inévitablement, du Sahel et de l´Afrique en général, tenant compte de la place tenue par l´Algérie dans le continent. Il sera aussi question de la conférence internationale sur le Proche-Orient que la France a comme projet d´organiser à Paris «avant la fin juillet». Une conférence que la Maison-Blanche et le département d´Etat américain trouvent prématurée et non productive du fait «qu´aucune des deux parties n´a encore donné d´assurances sur sa disposition à reprendre les négociations» de la bouche même, lundi dernier, d´Hillary Clinton. Un large panier de dossiers sur la situation internationale qui ne saurait être abordé avant celui, aussi volumineux, des relations entre la France et l´Algérie. En fait de relations, il est plus juste de parler d´intentions. Il n´est pas inutile de préciser que ce sont les mêmes relations qui existaient à l´époque de Chirac sauf que depuis 2007, la France en a une nouvelle «perception». Ceci pour dire qu´il n´y a pas de nouveau dossier entre les deux pays que Juppé serait chargé de discuter. Ceci pour dire aussi que si le ministre français fait le déplacement, c´est qu´il y a du nouveau dans cette «perception» et qu´il vient en faire part à nos autorités. On voit mal, en effet, le ministre français aborder avec les Algériens les problèmes régionaux et internationaux sans un mot sur les relations franco-algériennes. Il est vrai que la campagne électorale pour la présidentielle de 2012 a déjà commencé en France. Une campagne qui a ses propres exigences. Comme le très impopulaire «bouclier fiscal» que vient d´enterrer l´Assemblée française. Pourquoi, dès lors, ne pas être optimiste et croire au «retour à la normale» entre Paris et Alger? Même si l´on ne doit pas «pousser» jusqu´à croire à une possible «réanimation» du traité d´amitié par les temps qui courent. Juste lever le pied sur tout ce qui peut envenimer les rapports de bon voisinage. De tous les aspects, nous nous contenterons d´aborder celui que nous connaissons le mieux: le traitement médiatique du dossier Algérie par les télévisions publiques françaises. On souhaite juste que nos confrères français reviennent à plus de professionnalisme. Et de laisser la politique à ceux dont c´est le métier. Comme nous le faisons ici. Tenez, pour preuve! On aurait pu parler d´une visite d´Alain Juppé, candidat à la présidentielle de 2012. Nous n´aurions d´ailleurs fait que reprendre l´ancien président Chirac. Eh, bien non! On s´en tiendra à la seule mission officielle du ministre des Affaires étrangères. Ce n´est pas plus compliqué et cela préserve les relations entre nos deux pays. Des relations dont tout le monde connaît l´hypersensibilité. Alors le réchauffement, c´est pour quand?