Israël est soupçonné de vouloir pirater les fichiers de la police centrale pour se procurer de faux passeports
Des agents du Mossad étaient-ils présents à Christchurch, au moment du tremblement de terre du 22 février dernier ? C’est possible et probable. Ce jour-là, un jeune Israélien, Ofer Mizrahi, est mort, écrasé, au centre de la ville, par la chute d’un bloc sur le camping car loué avec trois de ses amis. Étrangement, les trois autres ont aussitôt pris la fuite et quitté le territoire néo-zélandais malgré les restrictions de vol. C’est ce qui a suscité les soupçons des autorités néo-zélandaises. D’autant, que selon les informations révélées ces derniers jours par le journal Southland Times, informé, selon son directeur, par un agent des services secret néo-zélandais sous anonymat, Mizrahi aurait été porteur de passeports néo-zélandais volés. L’affaire a été tenue secrète jusque-là. En même temps, Southland Timesapprenait à ses lecteurs qu’une « équipe de secouristes » israéliens avait été envoyée à Christchurch immédiatement. Or il s’est avéré que, non seulement, elle n’était pas accréditée par l’ONU, comme l’avaient exigé les autorités néo-zélandaises pour toute équipe étrangère intervenant sur le site, mais qu’elle avait, même, été expulsée de la « zone rouge », le centre de la ville déjà détruit en très grande partie par le séisme de septembre 2010. En réalité, cette équipe a été soupçonnée d’avoir profité de l’occasion pour aller pirater les fichiers de la police centrale. Et pour clore le tout, on apprenait, également, qu’un autre citoyen israélien, entré illégalement en Nouvelle-Zélande et supposé avoir disparu dans le tremblement de terre, avait quitté secrètement le pays.
Cela fait beaucoup, d’autant que l’attitude ambiguë du Premier ministre conservateur, John Key, qui, ne voulant pas mettre en difficulté ses amis israéliens, a minimisé les faits et refusé de répondre aux questions de la presse, a renforcé le sentiment que le gouvernement avait bien l’intention d’étouffer l’affaire. « Je ne pense pas que ce soit d’ « un intérêt national », a-t-il répondu à la question de savoir si des agents du Mossad étaient en opération au moment du séisme. Le gouvernement aurait, selon le New-Zealand Herald, grand quotidien néo-zélandais, interrogé l’ambassadeur israélien, Shemi Tzur, sur l’équipe de secouristes. Selon le Southland Times, John Key aurait été appelé quatre fois par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le jour du séisme, ce que John Key nie, affirmant qu’il n’y aurait eu qu’un seul entretien téléphonique. Cependant, sous la pression, l’enquête menée par les services de police et de renseignements se poursuit. De leur côté, les partis d’opposition ont demandé à John Key de donner les noms de tous les pays qui ont cherché à violer la souveraineté de la Nouvelle-Zélande, et de répondre précisément aux questions qui se posent, à savoir : « Y a-t-il eu une tentative de pirater le système informatique de la police ? Pourquoi les compagnons de l’homme qui a été tué sont-ils partis si subitement ? Que faisait l’équipe israélienne de secours dans une zone où elle n’avait pas le droit de se trouver ? Il s’agit, semble-t-il, d’éviter d’embarrasser Israël en étouffant l’affaire. » a déclaré Phil Goff, chef du Parti travailliste, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Helen Clark
Pourquoi le Mossad serait-il intéressé par la Nouvelle-Zélande, perdue aux antipodes au milieu de nulle part ? La réponse est, en partie, donnée, en 2004, par un incident survenu à l’aéroport d’Auckland. Deux agents israéliens, Eli Cara et Uriel Kelman, étaient arrêtés en possession de passeports néo-zélandais volés à des citoyens de ce pays. Les relations entre Israël et la Nouvelle-Zélande dirigée, alors, par le Premier ministre Helen Clark et son Parti travailliste, avaient alors été gelées. Il est connu que les agents du Mossad utilisent des passeports étrangers pour effectuer des opérations – des assassinats de cibles à l’extérieur d’Israël notamment. Helen Clark, avait, alors, déclaré que ce n’était pas la première fois que des Israéliens avaient été trouvés en possession de passeports néo-zélandais. Ce document est particulièrement prisé du fait de la neutralité du pays dans le monde des affaires, mais plus intéressant encore, il permet une entrée facile dans un grand nombre de pays, par le biais du Commonwealth, notamment. Quelles que soient les conclusions de l’enquête – et Fred Tulett, le directeur de Southland Timesmaintient ses informations – cette affaire restera comme une épine dans le pied de John Key dont l’attitude n’a pas été appréciée par les Néo-Zélandais très attachés à leur souveraineté, comme on a pu le voir, à une autre époque, avec l’affaire du Rainbow Warrior.