La chaîne qatarie al-Jazeera qui, depuis le Printemps arabe se fait le porte étendard des révoltes, a dès le premier jour instrumentalisé l’histoire de cette malheureuse libyenne.
Le 26 mars dernier, Iman al-Obeidi faisait irruption à l'hôtel Rixos, à Tripoli, appelant à l'aide les journalistes de la presse internationale et affirmant avoir été torturée et violée à plusieurs reprises par les bataillons de Mouammar Kadhafi. Le régime libyen l’avait expulsée vers Benghazi, avant que le Qatar, le seul pays arabe, avec les Émirats arabes unis, à s’être engagé militairement, financièrement et médiatiquement contre Kadhafi, défendant sans retenue la cause des rebelles, lui offre l’asile dans l’espoir de salir, à travers sa chaîne Al-Jazeera, le régime libyen.
Mais, arrivée à Doha, la jeune Iman a commencé à critiquer le Conseil national de transition de Benghazi et également la manipulation médiatique d’al-Jazeera et du gouvernement qatari. Ce qui mit évidemment en colère l’émir du Qatar le Cheikh Hamad Al-Thani, qui décida alors de s’en débarrasser vers Benghazi, contre sa volonté. Elle fut amenée de force, avec son père, de l’hôtel où elle séjournait, dans un avion militaire qui s’est posé quelques heures plus tard à Benghazi, malgré l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne sur l’ensemble du territoire libyen. Ce qui signifie au passage que l’avion avait reçu l’autorisation de se poser de la part de l’Otan.
Cette expulsion a mis en colère les États-Unis, qui disposent d’une grande base militaire à quelques encablures du palais de l’émir et d’Al-Jazeera. Le lendemain de cette expulsion, qui a eu lieu le 2 juin, Washington a publiquement critiqué l'attitude du gouvernement du Qatar, qui avait osé renvoyer cette jeune femme vers la Libye. « Nous avons été très déçus par l'expulsion d'Iman al-Obeidi », a déclaré Mark Toner, le porte-parole du département d'Etat. « Nous en avions parlé à plusieurs reprises avec le gouvernement du Qatar, demandant qu'elle puisse voyager avec des responsables du HCR (le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés) vers un pays tiers », a-t-il rapporté, condamnant « une infraction aux règles humanitaires ».?? Washington a insisté auprès du Conseil national de transition pour que la sécurité de la jeune femme soit assurée. « Nous travaillons à la transférer vers un pays tiers sûr », a ajouté M. Toner. La crainte d’Iman al-Obeidi pour sa vie était fondée, a estimé Vincent Cochetel, un responsable du HCR, dans un entretien le 2 juin avec l'AFP, soulignant qu'il y a dans ce pays des gens qui ont intérêt à la faire taire. Le HCR voit dans l'expulsion une violation du droit international.?Affaire à suivre.