Blessé ? Indemne ? Vu en public ? Désinformation ? Rien de ce qui concerne le colonel Kadhafi n’est sûr, quelle que soit la source : gouvernementale ou diplomatique.
Le « Guide de la révolution » libyenne Mouammar Kadhafi a affirmé qu’il était indemne, démentant ainsi des rumeurs selon lesquelles il aurait été blessé dans une frappe aérienne de l’Otan. « Vos bombardements ne m'atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur cœur. Vous pouvez tuer mon corps, mais vous ne tuerez pas mon âme », a-t-il lancé à l'Otan dans un message audio diffusé par la télévision d'Etat.
Des frappes aériennes de l'Otan avaient touché jeudi 12 au matin le vaste complexe résidentiel du dirigeant libyen, faisant trois morts, dont deux journalistes, et 27 blessés, selon un bilan officiel. Deux violentes explosions ont été entendues vendredi 13 au soir près de Tripoli.
Quelques heures plus tôt, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini avait jugé « crédibles » des déclarations qu’il avait attribuées à l'évêque de Tripoli Mgr Giovanni Martinelli, selon lesquelles Kadhafi serait blessé et aurait fui la capitale. Le prélat a cependant démenti aussitôt ces propos : « Ce qu'a dit le ministre des Affaires étrangères italien n'est pas vrai parce que je n'ai jamais dit que le leader libyen était blessé (…) ni qu'il était parti de Tripoli », a-t-il affirmé.
Depuis le début des opérations de l'Otan, Mgr Martinelli s'est montré critique envers la stratégie occidentale, affirmant que de nombreux civils avaient trouvé la mort lors des raids de la coalition.
Un porte-parole gouvernemental, Moussa Ibrahim, a affirmé pour sa part que «Kadhafi a le moral. Il dirige le pays jour après jour. Il n'est pas du tout blessé ». Alimentant les doutes sur son sort, Kadhafi ne s'est pas montré en public depuis un raid mené le 30 avril par l'Otan à Tripoli, dans lequel ont péri son plus jeune fils, Saïf al Arab, et trois de ses petits-enfants.
La télévision libyenne a diffusé mercredi 11 au soir des images du « Guide » s’adressant à des chefs de tribus dans un hôtel de Tripoli, mais M. Frattini a répondu qu’il doutait de l’authenticité de ces images, de la date à laquelle elles ont été filmées et du lieu de la scène.
Les autorités libyennes avaient accusé l'Alliance atlantique d'avoir tenté de l'assassiner, mais l'Otan a démenti prendre pour cible Kadhafi ou sa famille, assurant que les raids aériens visaient des objectifs militaires situés dans le même quartier de Tripoli que le complexe où vit le dirigeant libyen.