Les relations entre le Conseil national de transition, le Qater et l’Arabie saoudite se teintent de suspicion.
S’agit-il d’un simple incident technique lié à la régulation de l’espace aérien saoudien ou d’un changement de politique vis-à-vis du Conseil national de transition libyen, reconnu jusqu’ici par de rares pays étrangers dont la France et le Qatar ?
Le ministre des Affaires étrangères du Conseil national de transition libyen, Ali al-Issaoui, vient en effet d’annuler une visite au Qatar, allié stratégique de la rébellion. Raison invoquée : les autorités saoudiennes n’ont pas donné l’autorisation à son avion privé d’emprunter l’espace aérien saoudien pour s’y rendre.
D'après des responsables de l'aéroport du Caire qui ont souhaité rester anonymes, Ali al-Issaoui et trois autres représentants du Conseil national de transition ont attendu pendant 20 heures à l'aéroport avant de regagner Benghazi samedi 7 mai par avion privé.
Ils ont expliqué qu'ils ne connaissaient pas le motif du refus saoudien.
L'opposition au régime de Mouammar Kadhafi a été reconnue sur le plan diplomatique par le Qatar, qui a mobilisé des avions pour se joindre à l'opération militaire de l'OTAN dans le pays. Le Qatar a également aidé les rebelles contrôlant les installations pétrolières à vendre le brut. Il vient aussi, lors de la réunion du Groupe de contact sur la Libye, réuni à Rome, de promettre 500 millions de dollars au CNT.
Les relations entre le Roi Abdallah d’Arabie saoudite et le dirigeant ont été exécrables avant le soulèvement libyen. La chaîne satellitaire saoudienne Al-Arabiya, emboitant le pas à la chaîne qatarie Al-Jazeera, avait mené campagne contre le régime de Kadhafi. Toutefois, l’Arabie saoudite ne s’est pas engagée officiellement, comme le Qatar et les Emirats arabes unis, dans une guerre ouverte contre la Libye. Face à l’enlisement du conflit libyen, l’interdiction de l’espace aérien saoudien est-il le signe d’un changement de politique contre la poursuite des frappes de l’Otan ? Notons enfin que les relations privilégiées entre la France et le Qatar n’ont pas été du goût du roi Abdallah.