Elle a fait beaucoup de scène, et le public l’adore. La jeune chanteuse togolaise concocte un premier album que les jeunes attendent déjà fébrilement. Les autres découvriront une artiste à la voix chaude qui croit en son pays.
Le titre de son tout premier album : So real. La chanteuse togolaise de reggae Kézita a bien les pieds sur terre. L’opus est en gestation, quatorze morceaux, entièrement consacrés à l’injustice et aux réalités souvent douloureuses de son pays et de l’Afrique. « Le public préfère qu’on lui parle de ce qu’il vit. J’aime beaucoup le Togo et je me bats pour qu’il évolue dans le bon sens », explique la jeune artiste. Kézita – surnom donné par son grand-père – débute sa carrière au sein du groupe de hip-hop South Coast comme choriste. Au fil des scènes, la dame s’affirme. « J’avais très peur au début lorsque je montais sur scène, mais j’ai été encouragée notamment par ma famille et mes amis. »
Il y a sept ans, le groupe se sépare. L’occasion pour la belle aux dreadlocks de se lancer dans une carrière solo. Finis les chœurs, c’est à présent avec sa propre voix suave et chaude qu’elle charme le public. Un timbre affirmé et doux qui sait se balader aussi bien dans les graves que dans les aigus. Une prouesse assumée sur son morceau-phare, « Au carrefour », dans un album dont la sortie est prévue pour fin 2010. La chanson est fredonnée par toute la jeunesse de son pays. Le Togo, elle le défend justement bec et ongles et y encourage les adolescents et les plus vieux à ne pas baisser les bras pour aller « de victoire en victoire ». Un joli message d’espoir repris en chœur de manière impressionnante lors de ses apparitions scéniques.
Pourtant, Kézita reste humble. Son public, la chanteuse se l’est constitué avec le temps et beaucoup de travail. Concert après concert. D’autres perles sont à découvrir dans l’opus, tels « Reggae time » ou encore « Ghetto girl ». La chanteuse de reggae a longtemps cherché son style. « Je me retrouve davantage dans ce genre originaire de la Jamaïque même si j’ai déjà réalisé un morceau de zouk et chanté dans un groupe de rap. Les messages y sont très conscients, directs et relatent les maux de la société, tout cela au travers d’une musique très “racines” », explique-t-elle. « Même si on n’a jamais fini de se trouver et qu’il faut sans cesse innover », ajoute Kézita avec un sourire.
Ses influences sont riches : Lauryn Hill, Bella Below, Nina Simone, Queen Latifa. Elle baigne dans un bel univers soul-jazzy-blues. Gospel aussi, venant de la part sa sœur, Renya, chanteuse interprète de ce style et vivant en France. « Elle n’a jamais cessé de m’entourer, de me soutenir et de me conseiller. Je lui dois beaucoup. »
Pour « Kézi », comme ses proches l’appellent, la musique est aussi une histoire de famille. Au Togo, elle collabore parfois avec des artistes du terroir pour des scènes, comme les rappeurs Elom 20ce ou O’Phil. Elle a invité ce dernier sur son prochain album. Inlassable perfectionniste, Kézita s’essaye à la guitare et joue du piano depuis deux ans. Elle prévoit même d’en jouer en concert.
Dans un coin de sa tête, la pétillante soprano rêve aussi d’un duo avec Tiken Jah Fakoly ou encore Queen Africa. Pourquoi pas sur un prochain album ?